La mauvaise surprise allemande

Un accord avait été trouvé à l’automne 2022 entre les différents pays membres et le Parlement européen concernant l’interdiction totale des voitures et des camionnettes neuves équipées de moteurs à combustion dès 2035 et l'obligation de ne vendre que des véhicules réduisant de 100% les émissions de gaz à effet de serre. 

Mais, l’Allemagne a menacé de s’abstenir, car elle souhaite que certaines conditions qu’elle demande soient retenues. 

En effet, le ministre allemand des Transports, Volker Wissing a déclaré : "Nous avons toujours dit clairement que la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035. Ce qui manque maintenant, c'est la réalisation de cet engagement ." 

Cela a amené les ambassadeurs des pays membres de l'UE à “reporter la décision à une réunion ultérieure”. Pour rappel, il fallait un vote qualifié (au minimum 65% de la population européenne). Or, trois pays étaient déjà défavorables au tout électrique en 2035 : l’Italie, la Bulgarie et la Pologne; avec l'Allemagne les 65% n’étaient pas atteints. 

De plus, il ne faut pas oublier que c’est l’Italie qui a commencé ce combat; en effet depuis la victoire de la coalition de Giorgia Meloni, Matteo Salvini, le leader de la ligue d'extrême droite et ministre de la Mobilité durable a fait de la défense du moteur thermique un combat personnel. D’après lui, cela va détruire des milliers d’emplois au sein de l’Europe. 

Les conditions demandées par l'Allemagne

Ce veto est principalement dû au fait que l’Allemagne souhaite que des engagements en faveur des carburants de synthèses soient mis en place. Ces carburants synthétiques sont également appelés e-carburants; ils sont fabriqués avec de l'hydrogène et du CO2 et ensuite transformés en gaz et enfin convertis en carburant. 

Le texte que l'Europe s'apprêtait à adopter prévoit qu’en 2035, les voitures devront avoir réduit leur pollution de 100% or les e-carburants polluent ; et cela va à l’encontre de l’accord. Il faut noter que les Allemands sont les leaders dans la construction automobile, et des constructeurs comme Porsche (groupe Volkswagen), le meilleur dans ce domaine, ne veut pas abandonner son savoir- faire des moteurs thermiques. Au contraire, il souhaite pérenniser cette industrie avec les e-carburants même si elle consomme beaucoup d’énergie et qu’elle coûte chère à produire car son utilisation est encore limitée. 

La position de la France

Quant à la France, elle est fortement favorable à l'interdiction des voitures thermiques en 2035. Le groupe Stellantis et Renault ont déjà investi des milliards d’euros pour ce changement vers l’électrique. Renault, par exemple, a déjà prévu de produire plus de 500 000 voitures électriques par an, et si, l’échéance de 2035 est repoussée, les français seront moins pressés d'acheter des véhicules électriques qui sont encore aujourd'hui plus chères que les thermiques. Cela pourrait être compliqué à gérer car Renault pourrait beaucoup y perdre. 

Mais, cela se constate aussi au niveau Européen, plus de quatorze marques dont Volvo, Ford, Renault et Stellantis souhaitent basculer totalement vers l'arrêt des ventes du thermique en 2030. En effet, ce revirement de position est très égoïste de la part des Allemands, ils défendent leurs propres industries sans prendre en compte l’Europe et le reste du monde. 

Cet accord était une révolution afin de lutter contre le réchauffement climatique. La nouvelle position des Allemands déboussole presque toute l’Europe. 

En effet, cela touche autant les constructeurs qui s’inquiètent parce qu’ils ont besoin d’avoir des certitudes et des échéances au niveau des ventes, que les citoyens préoccupés par le réchauffement climatique. Enfin, les politiques s'inquiètent aussi car ils craignent les critiques qui ne manqueront pas à propos de la pollution au niveau mondial.


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