Les organes nécessaires à une greffe doivent être acheminés dans les conditions de températures égales à 4°C pour être conservés en hypothermie. Si cela semble aller de soi, la réglementation imposant aux hôpitaux le monitoring des organes par la norme de l'Afnor NF EN 13486 est en cours de révision à l'échelle européenne. Pour les accompagner dans leurs démarches, le fabricant d'emballages sur-mesure français E3 Cortex a décidé de connecter ses Vital Pack, ses emballages destinés au transport d'organes, avec des capteurs appelés Vitaltrack. Cette nouvelle solution est commercialisée depuis deux mois.

Le Vitaltrack est la première solution connectée de l'entreprise. © E3 Cortex

E3Cortex a fait le choix de doter ses Vital Pack de capteurs de température pour assurer en temps réel la chaîne du froid, mais aussi d'un capteur GPS avec une précision de moins de 20 mètres pour indiquer la géolocalisation. "Cela nous permet d'assurer des fonctionnalités supplémentaires, par exemple déclencher une alerte dix minutes avant l'arrivée des organes à l'hôpital pour en faciliter la logistique, ou au contraire expliquer pourquoi le transport a du retard", précise Clément Pascal, son CEO. Un historique des déplacements est disponible via l'interface dédiée. Les capteurs sont reliés aux organes par une sonde filaire pour en évaluer la température. "Nous préférions éviter le Bluetooth", précise Clément Pascal.

Ce projet est mené depuis un an et demi par E3 Cortex avec l'aide du fabricant d'objets connectés français Ercogener et de l'éditeur et intégrateur IoT français Synox. "Nous y avions déjà réfléchi il y a cinq ans mais les technologies n'étaient à ce moment pas matures. Les évolutions de l'IoT nous ont permis d'intégrer récemment un capteur plug&play d'Ercogener", raconte Clément Pascal. La plateforme de Synox était quant à elle indispensable à E3Cortex pour garantir la traçabilité des emballages aux CHU. "Notre valeur ajoutée est de proposer des emballages réutilisables dix fois. Il nous faut donc savoir dire où sont les emballages pour les rapatrier au bon endroit et à quel niveau d'utilisation ils en sont", indique le CEO.

4 000 transports d'organes par an

Pour E3 Cortex, qui comptabilise plus de 1 500 clients dans le monde, le marché suisse est le premier à être connecté. Une vingtaine de traceurs y sont opérationnels. La France, où E3 Cortex effectue plus de 4 000 transports d'organes par an, est en cours de déploiement. L'Italie et le Benelux suivront.

L'enjeu actuel de l'entreprise est d'intégrer le mode avion à la solution. "Cette fonctionnalité est la dernière brique pour bénéficier d'une solution multimodale", ajoute Clément Pascal. Il travaille sur ce sujet depuis un an et demi avec les équipes d'Ercogener pour que le capteur détecte, par la pression dans la cabine et l'accélération de l'avion, le décollage de l'avion et enclenche le mode. De même à l'atterrissage, pour réenclencher la prise de mesure. "Nous avons certifié le bon fonctionnement du mode avion, l'offre devrait être commercialisée en septembre", se réjouit Clément Pascal.

Il étudie à présent le monitoring pendant le vol. "Pour cela, nous devons prouver que le capteur IoT ne perturbe pas le vol. Mais dans ce domaine, l'IoT en est à ses balbutiements et nous devons trouver comment nous y prendre", confie le CEO. Le transport par avion représente un marché important pour E3 Cortex. "Air France est la seule compagnie que nous connaissons qui prend en charge gratuitement le transport d'organes, l'avion est donc souvent privilégié", explique Clément Pascal, qui ouvre la voie à un nouvel usage pour faire également décoller l'IoT.


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