Philippe Lacheau a réalisé six films. © Eddy Briere

Journal du Net. Alibi.com 2 est le sixième film que vous réalisez, toujours avec la même bande de copains. Pourquoi ?

Philippe Lacheau. C'est une démarche un peu égoïste, c'est vrai. Si tu as la possibilité d'être entouré de ceux que tu aimes au travail – même si je ne considère pas ça comme un travail, tu en profites. Ça ne semble pas déranger le public pour l'instant, donc on en profite au maximum. Peut-être qu'un jour, pour ne pas lasser, on fera une petite pause pour revenir après. Mais si on nous propose aujourd'hui de faire des films ensemble toute notre vie, on signe direct.

Comment fait-on pour diriger sa bande de copains ?

Il y a le bon et le mauvais côté. Le bon, c'est que ça va plus vite, je ne prends pas de gants. Je peux y aller cash, dire par exemple "c'était naze". Je les connais bien, je sais où les emmener. Du mauvais côté, ils sont forcément plus dissipés que les autres, parce qu'ils me respectent un peu moins. Quand tu réalises, t'es très stressé. Tu sais qu'à telle heure il va faire nuit, tu sais que tu as un certain nombre de plans à faire… T'es très concentré et, eux, c'est un peu les sales gosses.

Un tournage c'est vraiment une aventure de vie, comme un grand challenge à relever tous ensemble, chacun à son niveau. Il y avait sur ce dernier tournage une ambiance particulièrement joyeuse : des bagarres de pistolets à eau, l'un qui jette l'autre dans la piscine… Une grande colonie de vacances.

Cette atmosphère est-elle compatible avec les impératifs d'un tournage ?

Ils restent malgré tout professionnels. Même si on perd parfois un peu de temps parce que ça rigole trop, c'est positif d'avoir cette ambiance sur le tournage. Je pense que ça transparait à l'image. C'est ce que les gens nous disent en tout cas, qu'ils ressentent le fait qu'on est vraiment copains et qu'on s'amuse. Ça aide le film, je pense.

Vos méthodes de travail diffèrent-elles selon que vous êtes face à vos amis ou face à des acteurs que vous ne connaissez pas ?

Bien sûr. Avec ceux que je ne connais pas du tout, il y a le filtre politesse déjà. C'est beaucoup plus dur de s'adresser à eux. Je me souviens de Gérard Jugnot, sur le tournage de "Babysitting" (premier film de la "bande à Fifi", sorti en 2014, ndlr). On ne se connaissait pas. Il m'avait dit oui pour faire ce film et je ne voulais pas le décevoir. Je me disais : "Comment ça se passe pour lui sur les autres films ? Est-ce que les autres réalisateurs s'y prennent de la même façon ? Est-ce qu'il va avoir des exigences particulières ?". Je n'avais jamais fait de films avant et je me disais que jamais je n'allais oser lui demander de refaire une prise. J'étais très gêné. Maintenant que j'ai réalisé plusieurs films, je me sens un peu plus légitime et je suis beaucoup plus à l'aise quand je dois diriger des acteurs que je ne connais pas, heureusement.

"Ils sont forcément plus dissipés que les autres, parce qu'ils me respectent un peu moins"

D'un autre côté, c'est hyper intéressant de retrouver des acteurs avec qui j'ai déjà tourné. Par exemple : Didier Bourdon (qui reprend son rôle dans "Alibi.com 2", ndlr), je suis fan de ce qu'il fait, de ses sketchs. Je lui dis : "Tu te rappelles de ce sketch, tu peux essayer de retrouver cet effet dans la voix ?" Ça peut être pratique pour diriger. La communication se fait plus facilement que quand tu ne connais pas les acteurs ou que tu tournes avec des gens un peu intimidants.

Est-ce difficile d'imposer son dernier mot à ses amis ?

Non. Quand Tarek réalise ses films, on sait que c'est lui le chef, et inversement quand c'est moi. On échange beaucoup. Je suis tout le temps dans le doute donc je demande toujours leur avis. "Ça, tu penses que c'est bien ? Est-ce que c'est assez drôle ? Ça, est-ce qu'on y croit ?". Se sentir entouré de gens que tu aimes et qui t'aiment, c'est hyper important pour avancer. D'autant plus qu'on est liés. Vivre le succès ensemble, après avoir galéré ensemble, ça a encore une autre saveur et ça crée des liens encore plus forts.

Vous avez réalisé les trois premiers films réunissant la bande. Depuis 2017, vous alternez à la réalisation avec Tarek Boudali. Comment vivez-vous le fait d'avoir moins de responsabilités sur ces films-là ?

C'est cool, c'est les vacances ! T'as pas de pression, tu viens juste jouer la comédie. On part bientôt au Mexique tourner la suite de son film 30 jours max (2020). Je n'ai pas à me demander si je vais avoir le temps de faire tous mes plans sur la journée, j'ai moins de stress à propos du succès du film, je ne suis pas investi dans tous les problèmes à gérer… J'ai juste à venir jouer mon rôle. C'est beaucoup plus reposant, et du coup c'est moi qui fais le con. Ça fait du bien.

Philippe Lacheau est acteur, réalisateur et scénariste. Passé d'abord par la télévision, il forme alors la "bande à Fifi" avec ses amis Tarek Boudali et Julien Arruti. Ils coécrivent (avec Pierre Lacheau, frère de Philippe, et Pierre Dudan) leur premier film, Babysitting, en 2014. Les trois copains y tiennent les premiers rôles et Philippe Lacheau en assure la coréalisation avec Nicolas Benamou. Depuis rejointe par Elodie Fontan, devenue compagne de Philippe Lacheau, la "bande à Fifi" connaît de nombreux succès populaires au cinéma. Alibi.com 2, sixième comédie réalisée par Philippe Lacheau, sort ce mercredi 8 février.


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