Scott White est product leader chez Airtable. © Airtable

Comptant plus de 700 salariés, Airtable a levé 1,4 milliard de dollars depuis sa création en 2012. Lors de sa dernière levée de fonds en décembre 2021, à hauteur de 735 millions de dollars, sa valorisation se hissait à 11 milliards de dollars.

JDN. Quelles sont les principales tendances que vous observez sur le front du développement no code et low code ?

Scott White. De plus en plus de professionnels créent des applications métier en utilisant ces techniques. Cela s'explique notamment par un accroissement du nombre d'API donnant accès aux données des applications. Du coup, le marché a construit des plateformes no code tirant partie de ces API pour orchestrer des processus métier recourant à des informations de multiples sources. Le nombre de ces plateformes a explosé. Le no code permet aux professionnels qui n'étaient pas capables historiquement de développer des applications business de pouvoir le faire en toute autonomie pour résoudre des problèmes spécifiques au sein des grandes entreprises.

La multiplication de ces API et outils no code a néanmoins contribué à créer des silos de données. Les salariés utilisent différentes plateformes qui ne sont pas intégrées entre elles. Dans ce contexte qui a été accéléré avec la crise du Covid et le travail à distance, les équipes ne disposent pas des mêmes données selon les équipes : marketing, produit, ingénierie… Face à cette problématique, les entreprises cherchent à créer une source universelle de vérité pour l'ensemble des contenus business. Et ce, en démocratisant l'accès à cette source et en permettant aux salariés de créer eux-mêmes des applications en se basant sur elle.

Airtable a pour objectif de devenir cette source universelle de vérité…

Airtable a effectivement pour vocation d'être un référentiel de données central. Un référentiel qui permette à l'entreprise de construire sans code des applications connectées par-dessus. Prenons l'exemple d'une feuille de route produit. Il s'agit d'un set de données fondamental pour planifier les travaux des équipes produit et d'ingénierie, séquencer les ressources, établir des délais… Ce cas d'usage orienté roadmap est aussi valable pour le marketing qui doit établir des dates de lancement commercial, des campagnes de promotion, de relation presse, etc. Un data set qui est valable pour une équipe l'est ainsi pour de nombreuses autres. Il peut être réutilisé à l'infini.

"80% du Fortune 100 recourent à notre plateforme"

Au-delà de la feuille de route, nous proposons des modèles applicatifs pour d'autres cas d'usage : calendrier, catalogue de produits, base de données client… Plus important, Airtable permet de les personnaliser, notamment en vue d'orchestrer et d'automatiser les processus métier associés. Historiquement, les données étaient fédérées dans des bases de données SQL auxquelles les non-informaticiens n'avaient pas accès. Airtable change complément la donne. Il donne la possibilité de fluidifier, à la volée, la collaboration entre les équipes

Combien comptez-vous de clients ?

Plus de 300 000 organisations utilisent Airtable à travers le monde, dont 80% du Fortune 100 (plus de 15 millions de bases de données ont été créées sur la plateforme, ndlr). En France, Louis Vuitton figure parmi nos principaux clients.

Comment se structure Airtable ?

La plateforme combine trois fondamentaux. Il y a d'abord la couche de données. Elle permet de créer une base relationnelle en combinant plusieurs tableaux (par exemple relatifs aux clients, aux produits, etc., ndlr) qu'il est possible d'associer entre eux. Au sein de ces tableaux, on définit des colonnes pouvant contenir des données textuelles, des images, des fichiers, ou encore des cases à cocher. Le second niveau est la logique applicative qui se traduit par des automatisations. Par exemple si un formulaire est soumis via Airtable, on pourra paramétrer un trigger pour automatiser l'envoi d'un mail ou d'un message Slack, ou encore générer une nouvelle entrée dans une autre base de données. Troisième et dernière brique : l'interface utilisateur. Sur ce terrain, nous avons récemment lancé ce que nous appelons l'Interface Designer. Cet outil permet de manipuler la donnée, non pas sous la forme de feuille de calcul, mais d'application. Un site web ou un logiciel SaaS par exemple.

"Nous allons continuer à développer nos fondamentaux avec une orientation qui restera résolument no code"

Pour résumé, Airtable est une plateforme applicative reposant sur des bases de données relationnelles. Il absorbe les données et exécute la logique logicielle définie par l'utilisateur pour générer des applications sans code. Cette structure peut répondre à de nombreuses problématiques métier, de la planification de fabrication à la gestion comptable en passant par la gestion de projet ou la gestion de la relation client.

Quel est le principal cas d'usage d'Airtable ?

Sur les deux dernières années, nous avons observé une explosion de l'utilisation d'Airtable sur le terrain du développement de produits digitaux et du marketing digital. Le périmètre de ces cas d'usage recouvrait souvent l'ensemble de l'entreprise. Avec à la clé des process variés : collecte des feedbacks des clients, priorisation de feuille de route, gestion de projet numérique, gestion des lancements, du reporting de résultat, orchestration des ressources humaines en fonction des tâches à réaliser…

Quelle est votre propre feuille de route en matière de R&D ?

Nous allons continuer à développer nos fondamentaux avec une orientation qui restera résolument no code. Au niveau de la couche data, nous comptons accroître le nombre de types de champ et de relations possibles entre les données, mais aussi fournir une vision de haut niveau pour identifier et gérer ces relations. Côté logique applicative, nous allons intégrer Airtable avec un nombre plus grand d'outils tiers conçus pour orchestrer les processus métier. Des produits orientés par exemple génération de documents ou de rapports, qui pourraient reprendre les données d'Airtable. Enfin, nous continuerons à améliorer l'interface utilisateur pour permettre de créer et propulser de véritables logiciels SaaS propriétaires (en marque blanche, ndlr).

En même temps, nous nous concentrons sur la création d'expériences verticales de premier plan, notamment pour le développement de produits digitaux et le marketing digital. Ce qui passe par de nouvelles fonctionnalités, mais aussi de nouvelles intégrations avec des applications tierces dans ces domaines. Les grandes entreprises étant notre segment de marché avec la croissance la plus rapide, nous renforçons également la capacité de la plateforme à passer à l'échelle sur de forts volumes de trafic, y compris sur des périmètres de grands groupes internationaux, avec toutes les problématiques de sécurité que cela comporte.

Diplômé de Stanford, Scott White a précédemment travaillé chez Dropbox, mais aussi pour la fintech Wealthfront et pour la société de livraison alimentaire Instacart. En janvier 2019, il fonde Walrus.ai, un service SaaS de DevTestOps no code, qui sera acquis par Airtable en décembre 2021. Scott White rejoint alors la société San Francisco comme product leader.


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