Voilà un scénario qui laisse rêveur de nombreux collaborateurs : en synchronisant leur agenda professionnel avec les solutions de smart building et de smart workplace, ils pourraient voir la porte du parking de leur lieu de travail s'ouvrir à leur arrivée, avoir une place de parking et une borne de recharge réservées pour leur véhicule électrique, de même pour leurs salles de réunion aux moments de rendez-vous. "C'est une demande client majeure, cela paraît basique et toutes les solutions existent sur le marché pour permettre ces scénarios. Pourtant, rien n'est déployé en ce sens", constate Romain Flattet, directeur smart building chez Schneider Electric. Rendre ce scénario possible est à l'origine du partenariat entre le groupe français spécialisé dans la gestion de l'énergie Schneider Electric, l'ESN française dédiée à l'industrie immobilière Kardham Digital et l'éditeur de logiciels de smart building Planon.

"La difficulté faisant obstacle à ce type de scénario est que le marché est très fragmenté"

C'est en se rencontrant à plusieurs reprises chez des clients que les trois partenaires ont décidé de rendre leur savoir-faire complémentaire. Avec pour objectif de proposer aux propriétaires et utilisateurs de l'immobilier de bureau une solution clé en main déployable de manière industrielle. Ils pourront apporter d'un même bloc conseils sur le smart building, solutions d'efficacité énergétique, électrification du bâtiment, gouvernance des données et services aux utilisateurs, notamment par l'IoT et la maintenance prédictive. "La difficulté faisant obstacle à ce type de scénario est que le marché est très fragmenté, chaque acteur fournit une solution et son application pour un usage précis alors que les entreprises ont besoin plus que jamais de solutions sans couture", résume Pascal Zératès, directeur général de Kardham Digital.

Le principal challenge des équipes des trois entreprises a été d'interfacer leurs solutions et de "faire converger IT et OT, c'est-à-dire technologies informatiques et opérationnelles", précise Romain Flattet. La solution affiche par ailleurs la réversibilité des données, identifiée par la Smart Buildings Alliance (SBA) comme un challenge (lire notre interview "La vraie problématique du smart building est la réversibilité des données"). "C'est une obligation pour nous de laisser les propriétaires maîtres des données de leurs bâtiments. Nous veillons également fortement à la cybersécurité de bout en bout de la solution car les collaborateurs veulent pouvoir retrouver au travail les solutions qu'ils connaissent dans leur smart home, il faut donc que les appareils que l'on peut trouver pour le grand public soient sécurisés dans le cadre de l'entreprise", prévient Pascal Zératès.

Cette maîtrise de la data apparaît comme une opportunité pour les propriétaires d'améliorer la performance économique de leurs actifs immobiliers et surtout la visibilité sur leur rentabilité. Un atout essentiel alors que l'immobilier continue d'être le second poste de dépenses des entreprises. En favorisant un fonctionnement plus rationnel des bâtiments, les trois partenaires souhaitent notamment répondre à l'enjeu énergétique de leurs clients. "La facture a parfois augmenté de 12%, l'énergie est devenue un sujet prégnant et la situation a fait prendre conscience que son pilotage est aussi important que l'ossature d'une structure", estime Romain Flattet, pour qui "une salle de réunion vide n'a pas vocation à être éclairée ni chauffée. Les trois acteurs rappellent que le secteur tertiaire est à l'origine de 44% des dépenses énergétiques du pays.

"Ce partenariat permet de standardiser une approche patrimoniale avec une agilité par bâtiment"

Cette solution commune est déjà déployée sur les projets de leurs clients. Le promoteur immobilier IKO Real Estate en est un exemple : plusieurs milliers de capteurs ont été installés dans son parc. "Ce partenariat permet de standardiser une approche patrimoniale avec une agilité par bâtiment", constate Johan van Nimmen, general manager chez Planon EMEA South. Dans le modèle d'affaires, soit les trois partenaires contractent ensemble un nouveau contrat, soit Kardham Digital porte l'IT en utilisant des solutions de ses deux associés. La solution, dont le prix est sur-mesure selon les besoins des clients, vise tout type de bâtiment, en priorité l'ancien. Ouvrant la voie à d'importantes perspectives de marché, quand on sait que "seuls 6% des bâtiments du parc tertiaire disposent d'un système informatique pour la gestion technique des bâtiments (GTB)", rappelle Romain Flattet.


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