En termes d'infrastructure, les applications de machine learning et de deep learning ont leurs exigences propres. Des assistants vocaux aux moteurs de recommandation, elles réalisent une quantité faramineuse de calculs à grande vitesse. Depuis quelques années, les fondeurs Qualcomm, Intel, Nvidia ou Huawei travaillent à la conception de puces spécifiquement dessinées pour accélérer ces traitements tout en maîtrisant la consommation énergétique. Ces acteurs collaborent directement avec les GAFAM quand ces derniers ne créer pas eux-mêmes leur processeur taillés pour l'IA.

Dans cette guerre des puces, il faudra tenir compte d'une nouvelle licorne américaine : SambaNova Systems. Un nom qui fait référence à la célèbre danse du même nom née au Brésil, pays dont le PDG et co-fondateur de la société, Rodrigo Liang, est originaire. Une danse rappelant les allers-retours incessants que parcourent les données des IA. Basée à Palo Alto, la start-up a changé de dimension en décembre dernier, en levant 676 millions de dollars, ce qui la valoriserait 5,1 milliards de dollars. Ce tour de table record a été mené par Softbank, avec la participation d'Intel Capital, BlackRock et GV (Google Ventures).

Booster le machine learning

SambaNova ne se contente pas de vendre des processeurs de nouvelle génération, fabriqués par un tiers, Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC). Elle a conçu une plateforme à la fois matérielle et logicielle conçues pour exécuter des applications d'IA, baptisée DataScale. Cette approche tout-en-un assure, selon la start-up, "une efficacité inégalée" pour l'apprentissage machine, l'analyse de données ou le calcul haute performance. DataScale prend en charge des modèles existants ou nouveaux, en déterminant automatiquement la façon optimale de tirer parti de son architecture modulaire pour les entraîner. Elle comprend une pile logicielle (SambaFlow) et un processeur ad hoc (Reconfigurable Dataflow Unit).

Autre originalité : la plateforme est vendue sous forme d'abonnement. Grâce à cette offre, baptisée Dataflow-as-a-Service, les entreprises peuvent se concentrer sur les applications, sans avoir à se soucier de la configuration et de la maintenance de l'infrastructure sous-jacente.

"Dataflow-as-a-Service est principalement utilisé pour le NPL, les systèmes de recommandation ou de computer vision"

Concurrente de Nvidia, Cerebras Systems ou Graphcore, SambaNova a été fondée en 2017 par trois cadors. Avant de présider SambaNova, Rodrigo Lang était responsable du processeur Sparc et du développement ASIC chez Oracle. Directeur du Stanford Pervasive Parallelism Lab, Kunle Olukotun, est, lui, connu comme un pionnier de la conception de puces multiprocesseurs. Le troisième larron, Christophe Ré, est professeur agrégé au département d'informatique de l'Université Stanford. Il a cofondé la start-up Lattice Data, experte en data mining et machine learning, rachetée 200 millions de dollars par Apple en 2017.

Pour Marshall Choy, vice-président produit de SambaNova, "Dataflow-as-a-Service est principalement utilisé pour des applications de traitement du langage naturel (NPL), des systèmes de recommandation ou de computer vision" dans le commerce électronique, les services bancaires et financiers, la santé, l'énergie ou l'industrie. "Si ces applications représentent une large partie des demandes du marché, nous travaillons avec nos clients pour élaborer de nouveaux cas d'usage", explique-t-il. Pas un mot en revanche sur les pistes étudiées ou le contenu de la feuille de route de la R&D.

Cap sur la France

SambaNova n'est guère plus prolixe en ce qui concerne ses clients. Pour l'heure, la société californienne n'a communiqué que sur trois références dans le secteur public : le département américain de l'Énergie et deux laboratoires nationaux étasuniens, ceux d'Argonne et de Lawrence Livermore. "Ces déploiements ciblent la recherche scientifique avancée dans les domaines de la lutte contre le Covid-19, de la physique ou du développement de nouveaux matériaux", précise Marshall Choy. SambaNova prévoie toutefois de publier prochainement de nouveaux témoignages issus "d'autres segments de marché et zones géographiques".

De fait, SambaNova mise beaucoup sur l'Europe pour assurer sa croissance. Elle a nommé en novembre dernier un responsable du développement commercial pour la région EMEA, basé à Londres. "Une partie de notre plan d'expansion pour l'année en cours vise à renforcer notre présence en Europe", assure Marshall Choy qui mise tout particulièrement sur la France. "Le marché français présente un grand intérêt pour SambaNova en raison de ses activités industrielles matures et diversifiées dans l'énergie, les produits pharmaceutiques et les télécommunications."


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