Placé en redressement judiciaire depuis le 26 janvier, le sort de Sigfox est suspendu à son potentiel rachat. Mais l'opérateur IoT ne devrait pas avoir de mal à recevoir des propositions. Sigfox est considéré comme un pionnier de l'IoT en France et les réseaux LPWAN, dont fait partie la 0G –la technologie de Sigfox, sont les plus utilisés en France en 2021, d'après l'étude IoT Radar Market du cabinet de conseil BearingPoint. Sans oublier que le redressement judiciaire est de nature à susciter les convoitises : "La procédure permet d'acquérir une entreprise généralement à un dixième de sa valeur", souligne Alexandre Diehl, avocat au sein du cabinet Lawint.

Un opérateur télécom

Différents profils d'acheteur pourraient se manifester. En premier lieu un opérateur télécom concurrent, qui bénéficierait d'une manière supplémentaire de fournir de la connectivité. "L'enjeu pour eux est triple : cela leur permettrait de récupérer les parts de marché de Sigfox, d'étendre leur connectivité mais aussi de s'ouvrir à l'international, puisque Sigfox a réussi à construire un réseau unique dans 75 pays", met en avant Mohamed Najihi, consultant chez le cabinet de conseil Wavestone. Un avis partagé par Ouassim Driouchi, son homologue chez BearingPoint, qui nuance néanmoins : "Les opérateurs ont déjà beaucoup investi sur LoRa, la 5G et la fibre optique. Racheter Sigfox n'est certainement pas leur priorité première, étant donné les capex déjà investis sur les autres réseaux."

Un opérateur Sigfox

Autres candidats possibles au rachat : les opérateurs Sigfox. L'opération leur permettrait de conserver la mainmise sur la technologie. Ces derniers ont investi sur leur propre réseau Sigfox et ont des clauses de continuité de service. Unabiz par exemple, opérateur Sigfox en Asie, a indiqué au JDN suivre de près l'évolution de la procédure (lire notre interview "Sigfox ne disparaîtra pas").

Un opérateur réseau spécialisé

Les opérateurs de réseau spécialisés (dans les réseaux privés ou le satellitaire) représentent également des profils probables. "Leur forte croissance et les rachats qu'ils ont l'habitude d'effectuer les positionnent car plus ils seront conséquents, plus ils pourront faire des économies d'échelle. Sigfox représente un actif réseau dont ils peuvent profiter", analyse Ouassim Driouchi, chez BearingPoint. Eutelsat a travaillé avec Sigfox pour coupler les réseaux IoT terrestres et satellitaires.

Un industriel

De son côté, Mohamed Najihi, chez Wavestone, avance la possibilité d'industriels qui ont déployé des services autour de la 0G. Un rachat les conduirait à sécuriser leurs projets tout en pouvant récupérer de la donnée pour de prochaines offres. Pour rappel, Michelin par exemple avait créé une joint-venture avec Sigfox, Safecube, sur la logistique (lire notre article Sigfox et Michelin créent une joint-venture dédiée au transport intermodal).

Une ESN

Dernière hypothèse avancée : dans le cas où l'activité de Sigfox serait partagée entre le réseau et les services, de grosses ESN ayant des services IoT pourraient y voir le moyen de proposer une brique supplémentaire de services. On pourrait citer par exemple HubOne, qui a noué des partenariats avec Objenious et Editag pour profiter dans ses projets des réseaux LoRaWAN et RFID. Sigfox serait une corde de plus à son arc. "Le modèle économique ne peut pas perdurer, s'il y a un repreneur, ce sera parce qu'il y trouve un intérêt autrement", estime Alain Staron, fondateur d'Artifeel, une start-up française positionnée dans le domaine de l'alarme avec un dispositif connecté à base d'IA, qui a fait le choix du cellulaire plutôt que de la 0G.

Quel que soit le candidat, pour se manifester, "il lui faudra les fonds nécessaires sur le long-terme, et un réseau lui donnant accès à l'approvisionnement de semi-conducteurs dans le contexte de pénurie, deux éléments qui ont fait défaut chez Sigfox", précise Mohamed Najihi. L'étape suivante : préparer dans le cadre de la reprise un plan de trésorerie sur trois ans et une garantie de maintien de l'emploi. "L'intéressé devra payer les charges sociales et s'engager à garder le plus de salariés possibles, ce sera un critère essentiel du juge", indique Alexandre Diehl. Sigfox emploie 250 salariés, dont 175 en France. En attendant le verdict, l'activité se poursuit pour eux sans changement, sous la tutelle du juge du tribunal de commerce de Toulouse.


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