Confrontée aux défis de la pandémie, la fonction finance a répondu tant bien que mal aux obligations légales, aux demandes opérationnelles du business, aux ajustements des budgets, ainsi qu'au besoin de suivi en temps réels de l'activité pour prendre les décisions nécessaires. Mais à quel prix ! Les directions financières ont dû redoubler d'efforts pour réduire les temps de production, s'emparant des nouvelles technologies pour accélérer la digitalisation de la fonction finance.

Une tendance qui se confirme : selon la 9ème édition des Priorités 2021 du directeur financier, "se réinventer durablement" publiée par PWC, 78 % des directions financières envisagent  d’investir dans la digitalisation de la fonction finance.

Un élan positif qui n’efface cependant pas le bilan en demi-teinte des directions financières face à la conjoncture. Selon la douzième édition du baromètre d'opinion des directeurs financiers publié par Deloitte à la rentrée 2020, seulement 43% d’entre eux se disaient optimistes vis à vis de l’évolution de la fonction finance dans le contexte de la crise actuelle.

Pourtant, le directeur financier a un rôle crucial à jouer dans la conduite de la transformation digitale, condition sine qua none de la poursuite de l’activité et de la résilience de l'entreprise. A l’aube de 2021, et alors que l’année qui vient de s’écouler nous a plus que jamais prouvé que l’avenir était incertain, quelles tendances peut-on voir se dessiner pour la fonction finance ?

La transformation de la fonction finance, une accélération sans précédent

Traditionnellement, les entreprises ont massivement fait le choix de l’ERP entre les années 1980 et 2000 pour entamer leur digitalisation. Un système d’information sur lequel les fonctions finance ont progressivement superposé des solutions de business intelligence, d’audit, de consolidation, note de frais donnant lieu à une multitudes de systèmes qui ont complexifié, voire freiné la digitalisation de la finance.

En pointant davantage les écueils de ce fonctionnement, la crise a joué comme un formidable catalyseur de la transformation numérique de la fonction finance des entreprises. Les directeurs financiers ont dû non seulement faire face à un rythme de changement accéléré mais aussi à une pression constante pour ajuster les budgets et les prévisions, gérer la trésorerie et fournir des tableaux de bord d’aide à la décision. De ce fait, ils ont repositionné consciemment et radicalement leur rôle.

Parallèlement, face à une explosion du volume des données de l’entreprise, les directeurs financiers doivent aujourd’hui être à même de proposer des pistes de rationalisation des processus de gestion de l’entreprise. Selon la même étude PWC, 65% des directions financières envisagent d’ailleurs de faire évoluer leurs systèmes d’information.

En capitalisant sur des outils d'automatisation ou de machine learning intégrés dans le cloud finance, ils se déchargeront des tâches chronophages pour se concentrer sur la compréhension de l'évolution de l'entreprise. Le rôle des directions financières se développe ainsi, fort d’un impact qui rejaillit progressivement sur l'ensemble de l'organisation.

La trésorerie, vers une gestion automatisée et contrôlée

Durant cette crise, 75% des entreprises ont connu une baisse de leur chiffre d’affaires. Les flux de trésorerie, le cash, l’accès au capital, la gestion de la masse salariale, les risques liés aux retards de paiement et à la solvabilité des clients sont devenues les préoccupations majeures des directions financières. Il leur a fallu prendre beaucoup plus de décisions que d'habitude, et en moins de temps.

Les entreprises qui ont su tirer leur épingle du jeu sont celles qui ont bénéficié d’outils d’analyse et de planification en continue et collaboratif. En s’appuyant sur un même système, les fonctions finances des entreprises bénéficient d’une trésorerie en temps réel et sont en mesure de prendre les meilleures décisions en matière de gestion de la paie, du recouvrement et de prévoir les flux de trésoreries avec davantage de précision.

A plus long terme, un meilleur flux de trésorerie peut réduire la dette, financer la croissance. Les équipes financières sont donc susceptibles d'analyser et d'examiner aussi plus fréquemment les facilités de crédit renouvelables, le recouvrement client, les liquidités disponibles. Cette stratégie de structuration du capital permet alors aux entreprises d’atteindre des objectifs plus nombreux, en leur assurant une réserve de liquidités pour affronter ces temps incertains. 

Les RH, nouveaux "business partners" de la fonction finance

Chômage partiel ou requalification de certains salariés, génération d’attestations de déplacement en un temps record sont autant d’aspects générés par la crise auxquels les directions des ressources humaines ont dû faire face, impliquant de facto les directions financières dans la mise en place de ces nouvelles mesures.

Afin d'améliorer la prise de décision opérationnelle basée sur les données, les finances et les ressources humaines ont commencé à avancer main dans la main, une tendance qui devrait se développer en 2021. En effet, selon une étude réalisée par AchieveNEXT, environ 80% des responsables RH européens s'attendent à travailler plus étroitement avec les fonctions finances de leur entreprise.

Ces changements impliqueront que les directions financières et les directions des ressources humaines se positionnent en véritables partenaires, développant des expertises inédites pour adopter une compréhension globale des enjeux métiers et prendre de meilleures décisions grâce à des outils de visualisation et de planification.

Ces tendances révèlent qu’au-delà d’une simple transformation, une vraie réorganisation de la fonction finance est en train de s’opérer. Plus que simple moteur d’innovation, le directeur financier de demain insuffle de nouveaux business model et assure la continuité de l’activité des entreprises, s’appuyant sur des solutions innovantes, mais en embarquant surtout dans cette transformation l’ensemble des collaborateurs.


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