Les Français qui s'impatientaient de tester Bard vont devoir ronger leur frein (à part s'ils utilisent un proxy, mais ça c'est une autre histoire). La réponse de Google à ChatGPT, pourtant accessible dans 180 autres pays depuis ce 10 mai, n'est pas encore disponible dans les Etats membres de l'Union Européenne. Craignant de contrevenir aux règlements européennes, Google a ainsi préféré "s'autocensurer", estime Claire Poirson, fondatrice du cabinet FIRSH spécialisé dans la création et l'innovation. 

Une autocensure sans doute motivée par la jurisprudence ChatGPT. Le célèbre chatbot a été réprimandé par diverses autorités européennes concernant son utilisation des données personnelles, et notamment en Italie où il a été bloqué provisoirement. Un couac dont OpenAI se serait bien passé et que Google doit à tout prix éviter. Surtout que la firme de Mountain View a déjà été dans le collimateur de la CNIL. Fin 2021, par exemple, l'autorité française avait "infligé à Google une amende de 150 millions d'euros pour sanctionner ses modalités de refus des cookies".

"Google a dû être réceptif à ce petit mouvement réfractaire à ChatGPT en Europe"

Le fait que Google repousse l'ouverture de Bard dans l'Union Européenne pourrait ainsi traduire une non-conformité au RGPD : "Quand ces géants lancent des projets pas totalement finis, ils ne vont pas s'aventurer immédiatement dans les endroits où les juridictions sont fortes". Et en Europe, l'exemple de ChatGPT a montré que les différentes autorités pouvaient aller dans le même sens. La CNIL, longtemps considérée "comme le gendarme de l'Union Européenne", n'est plus seule.

En plus de la France et de l'Italie, "les autorités allemandes, espagnoles et même irlandaises se sont montrées préoccupées par l'utilisation des données personnelles faite ChatGPT". Et c'est assez rare pour être souligné, les autorités européennes "ont collaboré entre elles". Résultat : "Google a dû être réceptif à ce petit mouvement réfractaire en Europe", imagine Claire Poirson.


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