Nicolas Chalvin, vice-président marketing de Thales. © Thales

JDN. Vous présentez au Mobile World Congress une nouvelle solution eSIM dédiée à l'IoT, Thales Adaptive Connect. En quoi consiste-t-elle et qu'est-ce qui vous a poussé à travailler sur ce projet ?

Nicolas Chalvin. C'est la massification des objets connectés qui nous a mené à développer cette solution destinée aux fournisseurs de connectivité. La question que l'on nous pose régulièrement est de savoir comment connecter un détecteur de fumée ou un radiateur électrique. Pour les produits consumer, il est indispensable d'avoir le consentement de l'utilisateur avant de télécharger un abonnement. Mais quand il s'agit d'un objet connecté, il n'est pas toujours possible d'avoir l'intervention d'une personne et il y a rarement une interface, comme sur nos smartphones. Notre solution simule ainsi cette action de l'utilisateur pour demander à un serveur le téléchargement d'un abonnement en fonction de l'emplacement de l'objet, et donc du réseau le plus approprié. Nous avons par cette solution devancé les travaux en cours au sein des organismes de standardisation, pour rendre l'eSIM plus adaptée aux objets connectés sans interface. L'objectif est de simplifier l'accès au cellulaire, qui rencontre un regain d'intérêt avec les nouvelles technologies (LTE-M, NB-IoT, ndlr) mais qui représente pour un client final une technologie plus complexe à déployer qu'un réseau Wi-Fi.

Comment a évolué le marché depuis le lancement des premières eSIM en France en 2019 ?

La crise sanitaire a mené à une accélération du marché : de nombreux opérateurs ont recouru aux eSIM pour continuer à commercialiser leurs offres sans avoir besoin de faire venir leurs clients en boutique. La technologie contribue à renforcer la digitalisation des opérateurs. L'eSIM permet par ailleurs aux fabricants de réduire le nombre de composants dans les devices (un avantage dans le contexte de pénurie, ndlr) et de profiter de l'espace optimisé pour améliorer la batterie ou les capacités du microprocesseur. Répandue dans les usages M2M, l'eSIM devient aujourd'hui une réalité concrète dans le monde consumer, notamment avec les montres connectées. Plus de 140 modèles de devices consumer sont aujourd'hui compatibles et l'on voit arriver une vague d'objets connectés susceptibles d'intégrer des eSIM.  

Quels sont-ils et dans quels secteurs offrent-ils des perspectives ?

La smart home représente un secteur porteur pour l'eSIM, avec des usages dans le smart metering ou la surveillance. Nous avons par exemple noué un partenariat avec Amazon pour que leurs systèmes d'alarme intègrent des eSIM. La gestion de flotte d'appareils en entreprise, tout comme l'essor des réseaux privés ouvrent également des opportunités à l'eSIM. Dans ce dernier cas, l'eSIM permet de basculer d'un réseau public à un réseau privé selon les sites de l'entreprise tout en garantissant la sécurité. L'intérêt est grandissant car l'eSIM permet de distribuer puis de modifier un abonnement de téléphonie mobile a posteriori, c'est-à-dire une fois que l'appareil est sur le terrain. Le fabricant n'a plus besoin de déterminer à l'avance quelle technologie il doit mettre dans son appareil. Jusqu'alors, l'eSIM était surtout déployée par de gros acteurs. Simplifier son usage la rend accessible à l'ensemble des providers.

Nicolas Chalvin occupe actuellement le poste de vice-président marketing au sein du groupe Thales. Il est en charge des offres Connectivité au sein de la business line Mobile & Connectivity Solutions de Thales – Identité et Sécurité Numériques. Nicolas Chalvin travaillait chez Gemalto, aujourd'hui Thales, depuis plus de 20 ans et a occupé divers postes marketing dans l'IoT, le Machine To Machine et les Télécoms, dont celui de chef de produit et de directeur marketing terrain pour l'Europe.


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