Faut-il conserver ses objets connectés en LoRa ou en Sigfox, ou faut-il leur changer de connectivité, face au contexte d'incertitudes qui règne ces derniers mois avec la fin du réseau LoRaWAN d'Objenious et le redressement judiciaire de Sigfox ? "Il s'agit d'une vraie question stratégique pour un constructeur d'appareils connectés", affirme Hatem Oueslati, CEO et cofondateur d'IoTerop, éditeur de logiciels français expert du protocole LwM2M, qui conseille aux clients de s'orienter vers le cellulaire, plus pérenne à ses yeux. Mais pour migrer vers une autre connectivité, il faut penser à cinq principaux éléments.

L'antenne

"On ne peut pas faire du GSM avec des composants initialement développés en LoRa"

En premier lieu à changer l'antenne. Que ce soit pour passer au cellulaire, par exemple au NB-IoT, au satellitaire, ou à la technologie Wize, il faut intégrer un nouveau module. "Les conceptions faites pour LoRa et Sigfox ne sont pas compatibles avec les autres", rappelle Thibault Stabat, responsable du développement commercial chez l'opérateur IoT français Iowizmi et responsable développement de l'Alliance Wize. Ainsi, Ubiwan, éditeur de logiciel de gestion de flotte français qui propose des produits en LoRa depuis 2015, a dû préparer une nouvelle gamme pour intégrer du LTE-M à ses traceurs GPS. "On ne peut pas faire du GSM avec des composants initialement développés en LoRa. Changer de connectivité passe par de nouveaux produits", témoigne David Babin, CEO, qui considère la multiconnectivité comme une garantie sur le long-terme.

Mais attention, un protocole de communication n'équivaut pas à une seule antenne. "Il existe des modem LTE-M/NB-IoT, d'autres en NB-IoT/2G. Le choix a un impact sur le time to market", met en garde Hatem Oueslati, conseillant aux clients de bien étudier les offres des différents constructeurs de modules. Pour faciliter le choix des clients, l'opérateur et fournisseur d'IoT satellitaire Kinéis est en réflexion avec d'autres acteurs pour avoir une synergie entre les modules satellitaire et LoRaWAN. De même, SFR va échanger avec des écoles d'ingénieurs pour trouver une solution pour rendre un objet LoRa qui n'a pas de carte SIM de lui insérer facilement un lecteur de carte SIM.

La disposition sur la carte électronique

La disposition des composants sur la carte électronique en découle, deuxième point clé à garder en tête. "Il faudra réfléchir à comment placer le module sur la carte électronique pour éviter les interférences. Cela nécessitera peut-être de redesigner le PCB car toutes les antennes n'ont pas le même plan de masse", prévient Guillaume Triquet, ingénieur d'affaires chez Kinéis. Pour simplifier les procédures des clients, Kinéis a "testé différentes antennes sur ses bandes de fréquence pour favoriser une intégration à moindre coût sans changer tout le design de l'objet".

La batterie

 "Chaque protocole de communication a sa stratégie d'émission"

Les besoins en termes de batterie sont également à prendre en compte. "Chaque protocole de communication a sa stratégie d'émission avec des puissances différentes donc il faut réévaluer si la batterie utilisée convient avec le nouveau protocole de communication choisi", indique Guillaume Triquet. Hatem Oueslati, chez IoTerop, se réjouit que le constructeur de compteurs d'eau Edmi affiche des produits en NB-IoT pouvaient atteindre une durée de vie de 20 ans.

La sécurité

Dans les modifications logicielles à effectuer, la sécurité est l'un des éléments centraux. "Sur le LoRaWAN, il y a une couche de sécurité intégrée dans le transport des données qui permet en général de chiffrer les données envoyées de l'appareil jusqu'au LoRa Network server. Dans le NB-IoT, cette couche de sécurité doit être prévue/implémentée directement par le fabricant de l'appareil puisqu'elle n'est en général pas directement inclue dans le transport NB-IoT", alerte Hatem Oueslati. Les clients doivent donc choisir un protocole de sécurité et l'implémenter eux-mêmes au-dessus du NB-IoT pour assurer notamment le chiffrement des données et l'authentification des appareils de bout-en-bout, du device jusqu'au cloud. "Il faut choisir des protocoles adaptés qui permettent de passer les contraintes du transport NB-IoT, comme DTLS et Oscore", ajoute Hatem Oueslati avant de préciser : "L'avantage c'est que le LTE-M et le NB-IoT sont directement câblés sur l'IP, couche de réseau interopérable, qui permet d'opérer les objets directement sur la plateforme cloud sans passer par une infrastructure tierce, alors qu'avec LoRa, il fallait passer par des gateway."

L'usage

En parallèle à ses modifications hardware et software, les clients doivent bien définir l'usage et la position de leurs objets connectés. Si l'objet est situé en sous-sol, il sera ainsi plus judicieux de troquer sa technologie LoRa ou Sigfox pour du NB-IoT plutôt que pour du satellitaire. "Le satellitaire est quatre à cinq fois plus cher que la technologie Sigfox, il faut donc bien évaluer l'utilisation pour que ce soit pertinent", prévient Guillaume Triquet, chez Kinéis, qui observe une forte demande pour l'asset tracking et l'agriculture. L'essor de la 5G et le lancement de la constellation de Kinéis en 2023, avec 25 nanosatellites opérationnels, est une raison supplémentaire de s'interroger sur une migration de connectivité.


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