Dans toutes les grandes villes de France, les problèmes de congestion autour des chantiers se ressemblent au quotidien : embouteillages, stationnement compliqué et onéreux, stockage impossible… Et à l’approche des JO 2024 et de ses chantiers affiliés, ces problèmes ne vont que croître, notamment en Ile-de-France ! Les entreprises du secteur perdent en moyenne 4,5 mois-homme par an, et ce uniquement sur les problématiques d’approvisionnement en matériaux des chantiers. Un temps perdu et un manque à gagner impressionnant, qu’il convient de traiter à la source… 

Le manque de productivité : un mal humain et organisationnel 

Aujourd’hui, 61% des entreprises du secteur du BTP gèrent des chantiers en zone urbaine, et l'approvisionnement constitue clairement un casse-tête de taille. Pour supporter leurs besoins, elles se fournissent en matériaux de manière extrêmement régulière (14 fois par mois en moyenne). Mais ces allers-retours requièrent généralement 2 personnes pendant 2 heures ou plus, ce qui représente un temps perdu de 4,5 mois-homme par an et par entreprise. À noter que 70% de ces entreprises comptent moins de 10 salariés. 

De surcroît, les chefs de chantier doivent également faire face à l'indisponibilité de leurs véhicules environ 12 jours supplémentaires par an et par véhicule (véhicules en panne, conducteur absent…). Une aberration en termes de productivité, mais symptomatique de problèmes complexes inhérents aux zones urbaines fortement congestionnées. À titre de comparaison, les restaurateurs, qui ont besoin de plusieurs palettes de produits quotidiennement, ont choisi de se faire livrer et ne pas aller à Rungis tous les jours, pour un gain de productivité évident.

Pour ne rien arranger, ce phénomène est composé de nombreux facteurs. On pense notamment au manque d'espace de stockage sur les chantiers, mais aussi à la difficulté générale des entreprises du BTP à planifier leurs besoins en matériaux. De plus, le secteur est particulièrement sujet aux imprévus et fait souvent face à des problématiques d’approvisionnement (pénuries, changements climatiques etc.) qui freinent considérablement la productivité.

Pour essayer d’y remédier, une majorité des entreprises du BTP disposent d’une flotte de véhicules (poids lourds et véhicules légers) dédiée, mais ceux-ci restent paradoxalement sous-exploités ou sont insuffisants pour assurer plusieurs livraisons simultanées par exemple. 

Approvisionnement :  les avantages de la livraison

Pour simplifier la logistique et l’approvisionnement en matériaux sur les chantiers en zone urbaine, la livraison est sans conteste l’un des remèdes au manque de productivité.  35% des entreprises du BTP se font déjà livrer directement sur place, et  les délais de livraison sont le second critère de choix d’un distributeur, après le prix. 

Parmi les raisons les plus citées par les entreprises sur les avantages de la livraison en zone urbaine, on retrouve :

  • le gain de temps (38%)
  • la facilité/praticité/le confort, car c’est le fournisseur qui décharge (28%)
  • le fait de pouvoir faire venir de grandes quantités, volume, poids, charges importantes (27%)
  • cela évite les déplacements (12%)
  • le manque de stock/de place au dépôt (3%) 
  • Enfin, le fait de ne pas disposer de poids lourds (2%).

S’il est clair que les entreprises du BTP ont profondément conscience de cette problématique en matière de productivité, et recherchent des solutions pour accélérer, encore trop peu d’acteurs du digital développent des solutions pertinentes pour les accompagner. 

Une timide digitalisation du secteur par manque d’offres

En effet, près de 30% des entreprises se rendent encore directement chez le négoce pour effectuer leurs commandes de matériaux, et 65% effectuent leurs commandes par téléphone (mobile ou fixe). Au vu du manque d’innovation du côté des acteurs du secteur, la digitalisation reste timide : seulement 1 entreprise sur 6 effectue des achats de matériel en ligne. Côté logiciels et productivité, 8 entreprises sur 10 n’utilisent pas de solutions digitalisées pour améliorer leur productivité (existent-elles seulement ?), contrairement aux outils de suivi de planning et aux outils de gestions de documents, dont l'utilisation est plutôt répandue. ). À noter également que plus de 80% des ouvriers sont déjà équipés de smartphones sur les chantiers, preuve qu’ils sont déjà digitalisés à titre personnel : une aubaine pour de potentiels nouveaux prestataires de services !  

Si le BTP reste un secteur traditionnel, les changements se font progressivement. C'est en améliorant étape par étape les habitudes de chacun qu'il sera possible de limiter les frictions au mieux. L'approvisionnement digitalisé peut offrir au secteur une marge de progression efficace et sans efforts en matière de productivité. Et si le sujet de l’approvisionnement est traité, il sera alors possible de s'attaquer à d'autres chantiers, comme le stockage et la circulation.


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