Les premiers usages qui nous viennent à l’esprit quand on évoque la 3D sont sans doute les films, les jeux vidéo ou les imprimantes. Mais cette représentation du réel en trois dimensions va bien au-delà, en témoigne le recours de plus en plus fréquent de cette innovation par les entreprises et industries. Toujours plus accessible grâce aux avancées technologiques, la 3D leur permet aujourd’hui de décomplexifier des problématiques métiers ou fonctionnelles.

L’accessibilité de la 3D accélérée par le smartphone

Le contexte économique a participé au petit coup de frein des évolutions hardware des casques de réalité virtuelle chez les GAFA et BATX : licenciements massifs sur le développement de Hololens 2, arrêt des projets VR pour Tencent ou encore réorganisation des activités de Reality Labs pour la firme de Mark Zuckerberg. Dans ce paysage, seul le géant à la pomme semble ne pas modifier ses plans, avec le lancement imminent d’un nouveau casque.

Côté usages, des acteurs s’approprient ces technologies à l’image du secteur de la santé. Bien-être, réduction du stress, soulagement de la douleur… l’immersion touche profondément les personnes. Ainsi, HypnoVR a levé 4,5 millions d’euros l’année dernière pour développer son innovation qui permet de réduire l’anxiété et le stress de 45% en chirurgie dentaire selon les études menées par l’entreprise. C’est aussi le cas d’AppliedVR qui mise sur les vertus thérapeutiques de l’immersion pour soigner plus efficacement et à moindre coût. 

Mais c’est avec le smartphone que l’accessibilité et la démocratisation de la 3D se font les plus rapides. Pour des raisons évidentes : les smartphones équipent une majorité de la population mondiale et représentent 80% des téléphones mobiles en 2022 selon le Digital Report 2022, mais aussi parce qu’Apple – entre autres – poursuit ses avancées dans le domaine, trois ans après ses débuts du LiDAR (Light Detection and Ranging). Inspiré du radar, cette technique permet de scanner avec son smartphone le monde réel et de le reconstituer en 3D en quelques secondes. Une prouesse technique qui s’améliore et permet une reconstitution très fidèle des textures et des matières. Ces technologies de capture nécessitaient auparavant de puissants ordinateurs en complément de scanners onéreux pour des coûts et des temps de production qui représentaient une forte barrière à l’entrée pour les entreprises. Nous ne sommes plus très loin aujourd’hui de la photo 3D embarquée sur téléphone. Les techniques de photogrammétrie ont nettement évolué au point qu’il est aujourd’hui possible grâce à des app comme LumaAI ou 3D scanner App de prendre des clichés 3D de tout ce qui nous entoure.

Des usages multiples pour les entreprises

Avec ces technologies souvent open source et qui exposent des API, de nombreux acteurs ont pu lancer leurs applications pour innover dans l'aménagement et le design d’intérieur mais pas que… L’e-commerce y voit une façon de pouvoir reconstituer les produits 3D mettant en valeur les matières utilisées comme le lin, le chanvre, etc. Une bonne façon de rendre l’expérience du virtual try on encore plus vraie que nature, et de limiter les retours produits, notamment. 

Ces cas d’usages sont nombreux et peuvent répondre à une multitude de problématiques. Aujourd’hui, les technologies 3D permettent par exemple de scanner les infrastructures des villes pour cartographier le réseau (notamment électrique, eau, etc…) et de les voir en réalité augmentée de manière précise et géolocalisée sans avoir à détruire toute la chaussée. Imaginez si, lors des grands travaux à venir de réparation des fuites des canalisations d’eau en France, le réseau était par la même occasion scanné ? Dès lors, la nécessité d’effectuer des travaux de grande ampleur pourrait être réduite à l’essentiel puisque chaque centimètre du réseau serait visible depuis la surface sans faire le moindre trou. Il serait bien plus aisé de cibler la bonne section et surtout, de la reproduire à l’identique à partir du modèle numérique.  

Quittons à présent les souterrains de la ville pour nous porter vers ses lieux de vie. Imaginez si, demain, le secteur public faisait parler les objets du quotidien de manière impactante et engageante. Les expériences immersives viendraient ainsi connecter les citoyens aux acteurs publics. Chaque habitant pourrait voir en réalité augmentée par un simple scan de son téléphone les informations de toute la chaîne de production, du coût et de l’impact des objets de son environnement urbain et participer à des choix éclairés pour sa communauté. 

À l’image de l’évolution de l’argentique à la photo numérique, l’arrivée à maturité des technologies 3D va libérer la création de contenus et de services.

Une des questions majeures en suspens demeure la finalité des futurs cas d’usage. Il est indispensable d'inventer des services à valeur positive et à forte utilité pour ne pas tomber dans la dystopie car, comme toute activité, l’impact environnemental et social n’est jamais neutre. Il ne tient qu'à nous de réfléchir dès à présent à des futurs positifs et souhaitables avec la 3D comme catalyseur possible.


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