Il avait pourtant assuré il y a 8 mois qu'en levant des fonds trop tôt, Batch prendrait le risque d'exploser en plein vol… Mais il faut croire que les choses ont changé puisque Simon Dawlat, l'un des cofondateurs de Batch, vient d'officialiser une levée de 20 millions d'euros. "Le coronavirus a été un gros catalyseur de business. Beaucoup de grands groupes ont dû s'équiper en urgence, ce qui nous a permis de franchir un cap", justifie-t-il. Un engouement qui a permis à ce spécialiste de la push notification d'éprouver la solidité de sa plateforme et la culture d'une entreprise qui a plus que triplé ses effectifs en l'espace de deux ans. Batch pèse aujourd'hui près de 70 collaborateurs et 10 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel prévus en 2021. "J'espère atteindre les 150 collaborateurs d'ici fin 2022", précise Simon Dawlat.

La société, qui a récemment recruté un chief financial officer et un chief revenue officer, change de braquet. Elle accueille les fonds Expedition Capital et Orange Ventures à son capital et voit son actionnaire historique, le fonds Iris Capital, le quitter. "Iris était présent depuis l'époque où nous nous appelions encore Appgratis et étions spécialisé dans la promotion d'applications." Une époque où Appgratis s'était fait évincé de l'AppStore avec perte et fracas, contraignant la start-up, qui venait de lever 10 millions d'euros, à pivoter. Appgratis s'est depuis renommé Batch et la sortie d'Iris Capital est l'occasion de vraiment tourner la page. "Cette opération nous a permis de trouver une formule assurant à Iris une sortie avec une plus-value. Et en plus, elle nous permet d'accueillir deux fonds qui viennent de se lancer et qui sont donc là pour 7-10 ans", se félicite Simon Dawlat.

"On veut ouvrir des bureaux de 4 à 5 personnes en Allemagne et au Royaume-Uni"

L'opération a également le mérite de faire rentrer de l'argent frais. Batch est certes rentable mais navigue dans un secteur ultra compétitif, au sein duquel l'américain Airship a levé près de 150 millions de dollars. Batch a beau revendiquer des clients dans une quinzaine de pays et réaliser près de 30% de son chiffre d'affaires à l'international, la société peut mieux faire sur le sujet. "C'est un levier de croissance sur lequel on n'a pas encore bien capitalisé", confirme Simon Dawlat. La levée lui donnera les moyens de faire mieux, avec notamment le recrutement d'un VP sales, qui chapeautera les équipes commerciales en France et à l'étranger, et de country managers pour gérer les équipes locales. "On veut ouvrir des bureaux de 4 à 5 personnes, comportant key account manager, solution engineer et customer success manager, en Allemagne et au Royaume-Uni", précise Simon Dawlat.

Batch, qui gère près de 400 milliards de messages envoyés chaque année pour un total de 500 millions de visiteurs uniques (VU) par mois, fait face à un enjeu de scalabilité. "Notre mission, c'est de simplifier la vie des marketeurs qui sont, pour la plupart, confrontés à des outils qui datent des années 2000 et ne sont pas vraiment customer friendly." Avec sa plateforme CRM nouvelle génération, Batch espère permettre aux directions marketing d'aller au-delà des stratégies omnicanales classiques, historiquement centrées sur l'email ou le SMS. Ses clients peuvent activer, en temps réel, des campagnes de notifications ciblées et analyser le comportement des utilisateurs au sein de l'outil d'analytics dédié. "On veut désiloter le CRM pour permettre à chacun d'envoyer le bon message au bon moment… sur le bon canal", explique Simon Dawlat.

"Créer une culture d'entreprise différenciante"

Dernier point d'attention : la culture d'entreprise. "On veut se donner les moyens de créer une culture d'entreprise différenciante", prévient Simon Dawlat. Pas un luxe pour une entreprise qui veut passer de 70 à 250 collaborateurs d'ici deux ans, contraignant ses fondateurs à abandonner leur casquette de start-uppers pour celle de managers. "On a un petit noyau de gens qui sont là depuis l'époque Appgratis, d'autres, près de 40%, qui sont arrivés dans l'année. A nous de faire converger tout ce monde vers les mêmes valeurs." Comment ? En apportant plus de transparence sur le management, la performance financière ou les processus décisionnels. "Il s'agit de prendre tous les sujets qui peuvent angoisser les gens, depuis la rémunération individuelle jusqu'aux performances de l'entreprise, et de communiquer dessus", détaille Simon Dawlat. Ici encore, un enjeu de marque employeur qui ne sera pas de trop pour aider l'entreprise à combler ses besoins en recrutement.


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