Pourtant, ces entreprises créent de l’emploi, participent à l’activité économique locale, à la compétitivité du pays et à la réduction des émissions de CO2 grâce à la limitation des transports. Le Plan 2030 de réindustrialisation de la France mis en place par le Gouvernement pour soutenir les start-up industrielles et deeptech sera-t-il suffisant pour entrainer dans son sillage les fonds d’investissements ? 

Suite aux multiples pénuries de biens qui s’égrènent depuis la pandémie et la guerre en Ukraine, l‘État, conscient de la dépendance industrielle et énergétique de la France s’engage dans une politique de réindustrialisation de la France. Avec le plan de relance 2020-2022 (35 milliards d’euros) et le plan 2030 (54 milliards d’euros) l’objectif est de reconquérir une certaine indépendance industrielle en faisant notamment émerger les futurs champions technologiques de demain. Ainsi, sur les cinq prochaines années, 2,3 milliards d’euros seront consacrés aux start-up et PME industrielles et deeptech. Une enveloppe plus qu’attendue par ces entreprises qui, jusqu’ici, ont été les grandes oubliées des fonds privés puisque sur 28 licornes françaises, une seule, Exotec, conçoit et industrialise ses produits dans des usines françaises. Toutes les autres proposent un service ou un produit confectionné hors du territoire national.

Pourquoi les startups industrielles sont-elles si peu représentées dans la French Tech ? Pourquoi un tel désamour des fonds d’investissement pour les projets industriels ?

Startups industrielles : exigences d’accès aux fonds d’investissement très différentes

Les start-up industrielles, en particulier lorsqu’elles sont « deeptech » (c’est-à-dire basées sur des technologies de rupture), nécessitent des moyens de production spécifiques et des machines et outillages sur mesures pour fabriquer leurs offres. Des conditions de productions financièrement lourdes et risquées. C’est pourquoi en phase d’amorçage, les fonds privés rechignent à investir dans ces entreprises industrielles de rupture, exigeant d’elles qu’elles aient déjà des lignes de production en activité et dégagent un chiffre d’affaires. Bref, une situation kafkaïenne puisque développer une ligne de production nécessite des moyens financiers… qu’ils n’ont pas. Une absence de prise de risque qui pénalise lourdement la France.

Pourtant, faire le choix de l’investissement dans le made in France présente de nombreux avantages. Innovation, indépendance industrielle, création d’emplois, croissance de l’activité économique locale, mais aussi diminution de l’empreinte carbone grâce à la limitation des importations et réduction du time to market via la proximité des usines. Autre point important : le coût de production. Là où dans les années 80, produire en Chine était financièrement très compétitif, la croissance des salaires et l’explosion des coûts de transport depuis la pandémie rendent cette production bien moins attractive.

Autant de raisons qui peuvent rebattre les cartes de l’investissement des start-up industrielles et deeptech en France. Car, plus que jamais nous avons besoin de réindustrialiser le pays, de reprendre la main sur des secteurs aussi vitaux que la santé, les télécommunications, la défense, l’aéronautique, l’énergie ou l’informatique comme le quantique. Dans un contexte de vagues de licenciements chez les plus grands – Microsoft, Apple, Facebook, Google, Amazon- les fonds d’investissement ont tout intérêt à transférer leurs capitaux sur des start-up industrielles, celles qui permettront à la France de regagner sa souveraineté dans des activités essentielles. Sans ces investissements, ces startups se retrouveront une fois de plus dans l’incapacité à transformer leurs innovations en réussites industrielles en France, ou à fuir à l’étranger où les capitaux sont plus accessibles, conduisant dans les 2 cas la France à dépendre de pays tiers.


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