On établit aujourd’hui à 20% la part du dépôt légal des titres imprimés en France (BnF) issus de l’auto-édition. Un chiffre qui était moitié moins élevé il y a seulement 10 ans… Et pour cause, l’auto-édition, loin de son grand frère traditionnel, a su rivaliser de créativité pour mettre en place les outils et les partenariats capables d’offrir aux auteurs un service non seulement complet de la production à la distribution, mais également innovant et en constante transformation ! De quoi laisser entrevoir de très belles perspectives sur le secteur, animés par une forte concurrence, mais aussi et surtout une demande croissante d’écriture…

Un marché en pleine professionnalisation

Plusieurs dynamiques successives ont contribué à l’essor de l’auto-édition ces dernières années. Attirant, aux côtés des auto-édités de la 1re heure, des auteurs hybrides issus des maisons classiques mais désireux de retrouver la liberté perdue sur la jouissance du contenu et de leurs droits, le marché a également vu, dernièrement, ses rangs gonflés par l’arrivée de quelques personnalités du monde littéraire, ou non (Kylian Mbappé, Riad Sattouf ou Joël Dicker…). Tous affirmant avec force communication leur détachement à l’égard de leurs partenaires historiques pour démarrer l’aventure en solo… Et pour cause, au-delà de permettre de retrouver la maîtrise de sa production et de son exploitation, le marché de l’auto-édition, soutenu par l’e-commerce, offre aujourd’hui un panel d’outils, de la création à la promotion, en mesure de porter de plus en plus haut la qualité de ces ouvrages, comme leur visibilité.

Car, en quelques années, c’est une véritable petite industrie qui s’est mise en place autour des auteurs, rassemblant à la fois des correcteurs, des graphistes, des bêta-lecteurs, des imprimeurs, des distributeurs… De quoi professionnaliser les auteurs, désormais de plus en plus au fait des stratégies marketing et de promotion, pourtant longtemps présentées comme le point faible de l’auto-édition. Ainsi, la France compte aujourd’hui parmi les pays dont les auteurs sont les plus actifs dans l’élaboration de cette stratégie, tant par l’utilisation des réseaux sociaux, de la presse, de la publicité en ligne et de la collaboration avec les blogueurs, que par leur présence sur des salons. Loin de concurrencer directement la force de frappe promotionnelle de l’édition classique, il n’en demeure pas moins que le marché de l’auto-édition offre aujourd’hui des perspectives réjouissantes pour tout aspirant auteur… un tant soit peu engagé !

La crise sanitaire, levier de croissance insoupçonné

Et d’ailleurs, de l’engagement, c’est ce qui n’a pas manqué aux Français durant la crise sanitaire. En effet, contre toute attente, le 1er confinement, sa sidération et l’arrêt net de la vie nationale au soutien de la lutte contre le virus, ont mené pas moins de 5 millions de personnes à entamer l’écriture d’un livre. Inondées par ces premiers manuscrits, certaines maisons d’édition ont compté une hausse de près 40 % du nombre de réceptions en l’espace d’un an ! Des chiffres similaires pour l'auto-édition, le nombre d’ouvrages ayant augmenté de 30 à 40 % sur l’année 2020, et parfois jusqu’à 90 % de plus sur le seul mois d’avril. Outil cathartique à l’anxiété de la crise ? ou concrétisation d’un réel projet de création ?

Quelles qu’en soient les raisons, ou la pérennité du phénomène, il n’en demeure pas moins que l’auto-édition fait face, depuis plusieurs mois désormais, à une demande sans précédent, et de plus en plus fine des auteurs tant en matière de création que de distribution. Ces deux enjeux vont s’avérer fondamentaux pour l’avenir du secteur, qui doit plus que jamais se montrer à la hauteur pour offrir à ses auteurs un service d’écriture toujours plus innovant et intuitif, garant de la qualité des ouvrages achevés, mais également un service logistique permettant d’assurer une maîtrise optimisée de l’impression et de la livraison. Un double défi de taille pour les acteurs de ce marché, aujourd’hui très concentré, et qui doivent plus que jamais se démarquer.