Les Pays-Bas comptent une star dans le paiement : Adyen. Une deuxième pourrait bientôt naître. Elle s'appelle Mollie. Créée en 2004, elle annonce une levée de fonds de 90 millions d'euros menée par le fonds de capital-investissement TCV, aussi investisseur d'une autre star de la fintech, Revolut. C'est seulement la deuxième levée de fonds de la société néerlandaise (25 millions d'euros en juillet 2019), portant ainsi le montant total levé à 115 millions d'euros. Face à Adyen qui cartonne en Bourse et à Stripe qui enchaîne les méga levées de fonds, il devenait plus que nécessaire de faire appel à du capital frais.

"Le mois de juillet, qui est en principe plutôt calme, a été meilleur que juin, qui était déjà un mois record"

Surtout que le contexte lié au coronavirus favorise les prestataires de paiement (PSP) en ligne. "Nous avons enregistré des pics d'activité conséquents sur les périodes de confinement dans les marchés où nous sommes présents. Le mois de juillet, qui est en principe plutôt calme, a été meilleur que juin, qui était déjà un mois record", se félicite Benjamin Lang, country manager France de Mollie, sans préciser toutefois les taux de croissance. "Evidemment, il y a des disparités par industrie mais l'e-commerce est désormais ancré dans la consommation des gens. Cette période a amené un pivot durable dans le marché", ajoute le dirigeant.

Avec ce nouveau financement, Mollie compte accélérer son déploiement en Europe. Aujourd'hui, la majorité de ses clients se situent aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et en France. En revanche, les Etats-Unis, pays d'origine de Stripe, ne sont pas une cible à court terme. La raison ? La fintech met en avant ses produits locaux, donc plus longs à mettre en place. "Nous adaptons tous nos produits et nous connectons à différents services nationaux", précise Benjamin Lang, qui ajoute que plusieurs produits français sont d'ailleurs dans les tuyaux. Présente depuis début 2019 en France, Mollie a ouvert il y a quelques mois un bureau à Paris comprenant cinq personnes. A cela s'ajoute une petite équipe à Amsterdam qui gère le marché français. Le nombre de clients français n'est pas communiqué mais quelques références sont partagées comme Cacharel, O'Tacos ou encore la marque Cabaia. Plusieurs grands comptes seront annoncés prochainement. 

Devenir une banque

Au global, Mollie revendique près de 100 000 clients et prévoit de passer la barre symbolique des 10 milliards d'euros de volumes de transactions en 2020 (contre environ 5 milliards en 2019). La levée de fonds permettra à la fintech de renforcer son effectif. Début 2020, le PSP comptait 300 salariés dans ses rangs et prévoyait d'en recruter 150. Avec le coronavirus, le rythme des embauches va s'accélérer. "Nous recrutons environ 20 personnes par mois et cela va continuer", souligne Benjamin Lang. Une partie des recrutements sera dédiée aux produits.

En plus des produits locaux centrés sur le paiement en ligne, Mollie travaille sur d'autres produits financiers. "Nous réfléchissons à des solutions autour du cash flow, un sujet très important pour nos clients. Aujourd'hui, les néobanques ne proposent pas vraiment de produits pour les entreprises", assure Ken Serdons, directeur commercial de Mollie. Interrogé fin 2019 par le JDN, le patron du PSP néerlandais évoquait le lancement de comptes bancaires pour ses clients e-commerçants d'ici trois à cinq ans. "Nous voulons concurrencer les banques traditionnelles, pas seulement sur le paiement en ligne mais aussi dans le cash management et les devises", confiait Adriaan Mol. "Nous voulons devenir une banque moderne", a-t-il ajouté. Comprendre, une néobanque pour les e-commerçants.


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