Jusque-là, les ultrasons étaient utilisés contre les calculs rénaux pour créer une onde de choc et fragmenter les calculs. C’est la lithotripsie extracorporelle, qui évite une intervention chirurgicale invasive : l’opération est pilotée depuis l’extérieur du corps, avec un émetteur d’ultrasons. Des chercheurs de l’université de Washington, à Seattle (Etats-Unis) proposent une autre technique à base d’ultrasons Les fragments issus des ondes de choc ne s’éliminent en effet pas tous par les voies naturelles et peuvent donner lieu à terme à la constitution de nouveaux calculs rénaux. D’où l’idée de déplacer ceux qui restent.

Il s’agit d’”attraper” ces corps solides dans un vortex acoustique, selon une technique de plus en plus étudiée et testée. Récemment, un chercheur français a justement démontré lors d’expériences in vitro qu’il était possible de se servir de la lévitation acoustique pour déplacer des microbulles à travers des tissus imitant ceux du corps humain. Le projet des Américains a procédé in vivo, dans des vessies de porcs.

Une soucoupe d’émetteurs d’ultrasons de 15 cm

Le vortex est créé par un ensemble de 256 émetteurs d’ultrasons répartis en une structure en soucoupe de 15 cm de diamètre. L’inclinaison génère une distance focale de 12 cm. C’est le point où convergent les 256 ondes ultrasonores. Le fait que tous les faisceaux ne soient pas émis en même temps créé le vortex qui emprisonne un objet, faisant léviter ce dernier juste après le point focal.

Dans un premier test in vitro, réalisé dans un bac d’eau, les chercheurs ont pu détacher une bille de verre de 3 mm de diamètre d’une feuille de Mylar, du polyester utilisé notamment comme isolant électrique. Ils l’ont ensuite déplacée de 6 mm, verticalement et horizontalement.

Une première étape

Puis la manipulation a eu lieu à l’intérieur d’une vessie de porc vivant (voir les vidéos). La bille a été saisie par le vortex pour décrire trois parcours différents, soulevée de 3 à 4 millimètres et déplacée horizontalement de 3 à 6 millimètres selon les cas. Le trajet de la bille n’a dévié que de plus ou moins 10% par rapport au parcours défini au départ et aucun dommage collatéral n’a été constaté sur l’animal.

Ce travail n’est qu’une première étape. Il faut ensuite pouvoir réussir à déplacer plus loin l’objet afin de le sortir des voies urinaires, ce qui implique d’autres réglages et d’autres tests. Le projet a néanmoins fait la démonstration de la faisabilité in vivo et ouvre même des perspectives en matière de manipulation ultrasonique d’équipements comme des minicaméras à l’intérieur du corps.


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