La 5G devient une réalité en France, les opérateurs annoncent régulièrement la couverture de nouvelles villes ou de fonctionnalités à venir. L'enjeu pour eux ? la monétisation de cette cinquième génération de standards pour la téléphonie mobile. "Le cycle de vie des nouvelles technologies est plus court, on est passé plus vite de la 4G à la 5G que de la 3G à la 4G. En parallèle, la mise en œuvre est plus chère. Les opérateurs se posent donc la question de la monétisation car il leur faut rentabiliser les investissements", explique Sylvain Chevallier, associé chez le cabinet de conseil français BearingPoint.

Si certains y parviennent en Asie ou aux Etats-Unis, "cela sera plus difficile en France où le marché est très compétitif", ajoute-t-il. Les quatre opérateurs français ont investi 10,4 milliards d'euros en 2019 pour la 5G selon l'Arcep, sans compter le renouvellement des antennes à venir ou encore l'optimisation des réseaux. "Cela représente un effort d'investissement supplémentaire de leur part de 7,9% par an ces deux dernières années alors que leur chiffre d'affaires baisse de 1% par an", rappelle Alexandre Galdin, responsable des études économiques et affaires réglementaires à la Fédération Française des Télécoms.

"Les opérateurs ne peuvent pas augmenter leurs prix"

La source actuelle de monétisation pour les opérateurs concerne les abonnements grand public. Le think tank Idate DigiWorld a comparé les tarifs des abonnements des forfaits 5G dans le monde. "Les abonnements premium sont en moyenne six euros plus chers que les forfaits 4G", observe Sophie Lubrano, directrice d'études télécoms, qui anticipe un équilibrage des prix sur ceux de la 4G. Un choix pour lequel a déjà opté Free en France. "Depuis une dizaine d'années, les arguments commerciaux pour monétiser les forfaits reposent sur le débit, dans une logique qui repose sur la qualité de service, poursuit Sophie Lubrano. Mais le problème est qu'elle est difficilement perceptible par les utilisateurs finaux. Et ils ne veulent pas payer plus cher pour un service qui s'inscrit dans la continuité de ce qu'ils ont déjà. Donc, les opérateurs ne peuvent pas augmenter leurs prix."

A l'étranger, les offres ne comprennent pas d'accès en illimité. Les consommateurs consommant de plus en plus de data, "de l'ordre de 30% de plus par an, les montants approchent généralement 68 euros pour un forfait de 50 Go quand en France, un forfait 4G revient en moyenne à 14 euros", indique Alexandre Galdin, à la Fédération Française des Télécoms. Ainsi, le revenu moyen par usager pour les opérateurs (arpu) se réduit. "On ne peut pas résumer la 5G aux revenus additionnels réalisés car son déploiement est un élément de compétitivité, met en avant Sylvain Chevallier. Ce qu'il faut suivre, c'est la rentabilité de chaque opérateur."

La 5G en mode fixe, un usage en devenir

Les opérateurs ont en revanche de grands espoirs de monétisation dans le BtoB. La réalité virtuelle, la réalité augmentée et les usages dans la smart city représentent les secteurs au plus gros potentiel de développement. "La monétisation ne va pas s'effectuer uniquement sur la connectivité mais aussi sur les usages qui en découleront", affirmait Guillaume Janus, head of corporate strategy chez l'opérateur belge Proximus lors de l'événement DigiWorld Summit, le 1er décembre dernier.

Parmi les possibilités phares de la monétisation BtoB : le network slicing. "Le network slicing (lire notre article : Industriels, avec la 5G, préparez-vous à l'arrivée du network slicing) permettant de prioriser une qualité de service va avoir un prix qui va permettre de monétiser la 5G", assure Sylvain Chevallier, en insistant sur le fait qu'avec la 5G, opérateurs et industriels travaillent dans une logique de co-investissement pour imaginer les services futurs.

"Quand la 4G a été lancée, personne n'avait en tête des services comme ceux d'Uber, de même Facebook a pris son envol avec le partage de photos et de vidéo via smartphone. De nouvelles offres arriveront quand on aura le réseau, souligne Tariq Ashraf, senior manager chez Bearing Point. Nous estimons par ailleurs que 60 milliards d'euros vont être générés par la 5G en mode fixe. C'est un usage qui va arriver rapidement." Un avis partagé par Guillaume Janus, chez Proximus, pour qui la 5G permettra aux utilisateurs qui ne sont pas encore raccordés à la fibre de bénéficier d'un accès à Internet en très haut débit.


Source link