Si vous pouvez suivre chez vous, à partir de son collier connecté Kippy, les heures de sommeil de votre chat, mais aussi son nombre de pas à l'extérieur et son parcours dans le quartier, c'est grâce à la multi-connectivité. De même, les différents réseaux de communication des sondes de qualité d'air du fabricant NanoSense facilitent leur installation à différents endroits de bâtiments pour gérer leur efficacité énergétique. Le concept de multi-connectivité suscite un regain d'intérêt dans l'IoT, notamment avec les annonces de convergence entre réseaux LPWAN. Mais si l'utilisation de plusieurs réseaux est en voie de simplification, les acteurs qui y recourent dès maintenant doivent encore relever une série d'obstacles.

Trouver le bon usage

Le premier d'entre eux est de bien déterminer l'usage pour lequel la multi-connectivité est essentielle. "Il faut que l'usage soit pertinent en multi-connectivité et que les technologies choisies soient complémentaires. En revanche, il ne faut pas opter pour de la multi-technologie par non-choix, dans la crainte que l'une des technologies disparaisse du marché, sinon le projet ne sera pas rentable", assure Ludovic de Nicolay, directeur général du groupe ZeKat, expert en multi-connectivité, pour qui l'usage le plus pertinent reste l'asset tracking, pour effectuer un suivi dans différentes zones géographiques, dotées de couvertures variées. Un avis partagé par Xavier Dupont, CEO du fournisseur Webdyn : "Il faut savoir précisément ce que l'on veut faire, à quelle fréquence relever les données, dans quelle quantité, sur quelle durée, etc."

C'est la manière dont ont procédé les équipes de Kippy, optant en plus du GPS pour le Wi-Fi à l'intérieur de la maison, pour le Bluetooth dans la communication avec le smartphone du propriétaire, et des réseaux 2G, bientôt remplacés par du LTE-M et NB-IoT en extérieur. "L'atout de la multi-connectivité est de pouvoir adapter le réseau en fonction du mode d'utilisation du collier", se réjouit Eva Morand, country manager France, dont les équipes travaillent avec SFR, Orange et Telit.

Alléger les coûts en fonction des réseaux

"Les réseaux LoRaWAN et Bluetooth se couplent naturellement"

Le deuxième challenge est celui du coût : agréger plusieurs technologies signifie l'achat de plusieurs modules et le paiement de plusieurs abonnements. "Un réseau opéré induit des coûts récurrents, l'ambition du projet peut se heurter à ces coûts", met en garde Clément Gutierres, CEO et cofondateur de l'opérateur de réseaux privés IoT Hâpy Services. L'une des solutions que retirent les équipes de Kippy de leur expérience, confirmée par ZeKat, est de coupler un réseau opéré, pour lequel un abonnement est indispensable, avec un réseau non-opéré, utilisable "gratuitement par l'objet. Les réseaux LoRaWAN et Bluetooth sont ceux qui se couplent naturellement le mieux, alors que le LoRaWAN et le cellulaire n'ont pas du tout le même fonctionnement", précise Ludovic de Nicolay.

Ainsi, lorsque le collier pour chat se connecte aux réseaux Bluetooth et Wi-Fi, cela ne coûte rien à Kippy, qui se focalise sur les abonnements des réseaux. "Nous voulions que le produit reste accessible au plus grand nombre", tient à souligner Eva Morand.

Collaborer sur le design

Enfin, le troisième obstacle majeur concerne le design de l'objet, pour assurer la durée de vie de la batterie. La connexion à divers réseaux est en effet très consommatrice d'énergie. "Il ne faut pas essayer de refabriquer des PCB avec plusieurs modules de connectivité, car cela engendre des coûts importants, mais collaborer avec des spécialistes de la multiconnectivité, qui ont l'habitude de travailler avec les entreprises de semi-conducteurs sur ce sujet car le multi-protocole ne se bricole pas. Cela induit des solutions de firmware et de middleware précis", met en avant Henri Bong, CEO d'UnaBiz, opérateur et fournisseur de services IoT qui a racheté Sigfox en avril 2022 et prône la convergence entre les technologies LPWAN et travaille aux correspondances informatiques entre les plateformes dédiées aux réseaux Sigfox et LoRaWAN.

"Il ne faut pas essayer de refabriquer des PCB avec plusieurs modules de connectivité"

Pour élaborer leur capteur de pollution, les équipes de NanoSense se sont évertuées à intégrer cinq protocoles. "Cela n'a pas été facile pour finaliser le hardware", reconnaît Yann Poisson, project manager, qui travaille également à l'ajout de la norme Matter. De son côté, Kippy mettra sur le marché en ce mois de mai une nouvelle version de son collier pour chat, pour lequel la miniaturisation a été le maître-mot. L'entreprise espère ainsi séduire un plus grand nombre de propriétaires, pour veiller à la santé et à la localisation de leur animal. Pour l'heure, 3 000 colliers pour chat et 4 000 colliers pour chiens ont été commercialisés en France.

La multiconnectivité s'affirme au cœur des stratégies d'entreprises du secteur de l'IoT. "Il y avait déjà eu un engouement il y a cinq ans, avec le déploiement de nombreux POC. Malheureusement, aucun projet à grande échelle ne s'est concrétisé mais la tendance refait son apparition", observe Ludovic de Nicolay. Pour Fabrice Aligand, directeur commercial chez le distributeur français EBDS Wireless & Antennas, la clé de succès est aux mains des opérateurs : "La couche de transport doit être transparente pour les clients. C'est aux opérateurs d'imbriquer les réseaux de manière fluide, selon les besoins", conclut-il.


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