L’année 2012 marque la naissance du terme « transformation digitale » dans les entreprises. Mais il fait davantage référence à la prise de conscience de son retard technologique qu’à une réelle difficulté des entreprises à moderniser leur processus métier.

Car le phénomène de transformation digitale n’est pas si jeune, la société entamait il y a 20 ans une vaste mutation via les technologies de l’Internet et ses futurs géants : Google, Amazon ou Paypal… Nul besoin de détailler les avantages concurrentiels de l’utilisation native de ces technologies dans la construction des processus, le résultat est plus que jamais sous nos yeux.

Performance productive accrue, développement accéléré, domination des marchés malgré la jeunesse de ces grandes sociétés… C’est inédit à cette échelle dans l’histoire de l’économie, grâce à la construction de leurs modèles et processus internes sur les technologies de l’Internet. Les plus clairvoyants auront réussi à s’adapter en tant que fournisseurs, intégrant dans leur processus une relation numérique privilégiée avec ces géants. Les industries sont devenues clientes de ces fournisseurs incontournables de technologies, à prix d’or et de façon récurrente, si bien qu’aujourd’hui tout produit contient sa cote part de coût à destination des géants du numérique.

Il n’est pas question ici de faire le procès de ces entreprises, qui n’ont d’autres mérites que celui d’avoir été visionnaires, précurseurs et meilleures que toutes pour s’inventer dans notre monde, maintenant numérique. Elles ont pris des risques considérables dès leur démarrage. Mais il est par contre indispensable d’en tirer des leçons et de regarder l’avenir autrement, avec toutes ses opportunités qui s’offrent à nous.

De la confusion entre enjeux technologiques et de process

La transformation est une question de processus d’entreprise et non de technologie. La technologie est une nouvelle possibilité, un nouvel outil qui permet de revoir les processus, véritables trésors historiques des grands groupes et industries. C’est un art de l'exécution optimisé, de la qualité avant tout, du service client personnalisé. Chaque leader l’a construit au fil des années, au début grâce aux visionnaires que l’entreprise a intégré dans ses rangs, puis petit à petit grâce à l’expérience. Chaque transformation technologique conduit à un certain chaos, car cela remet à plat l’expérience, au sein d’entreprises qui ne possèdent plus forcément, dans leurs rangs, les visionnaires qui en étaient les initiateurs, et sans forcément avoir à disposition de nouveaux visionnaires aptes à impulser une transformation…

C’est qu’il faut être prêt à se transformer, donc être prêt au changement ! L’évolution technologique n’est aucunement d’ajouter un nouvel outil dans les mains des employés, mais de travailler différemment, remettre en cause ses savoirs, recommencer à apprendre, accepter de passer par plusieurs échecs pour atteindre une nouvelle performance. Soyez conscients que la transformation n’est pas un choix ou une option mais bien une nécessité. Prenez tout ceci comme un ensemble qui n’est pas à confier aux seules mains de cellules informatiques ou digitales mais à intégrer et diffuser auprès et au sein des directions du personnel, juristes, achats, commerce, industrie… Le rôle des directions informatiques et digitales, cellules innovations n’en est pas moins important, de par son contact régulier avec la technologie et son âge souvent moins élevé dans l’entreprise. Elles sont détentrices de la compréhension des enjeux et doivent être le moteur de la transformation des esprits. Leur premier rôle est d’abord pédagogique avant même de devoir prendre en charge finalement l’adaptation des outils de l’entreprise à l’évolution des processus métier.

Discerner et prioriser entre les séquences et opportunités de la transformation

La transformation digitale de l’entreprise, qui trouve son origine dans la relation avec ses fournisseurs, employés et clients, n’est certes plus un sujet nouveau, les entreprises étant en mesure de combler leur retard… Mais il reste de nombreux domaines où chaque industriel pourrait se distinguer, reprendre de la compétitivité, dès lors que la transformation offre de vastes opportunités. C’est le cas de la transformation par l’IoT qui concerne les mêmes parties prenantes, et ce jusqu’à la production industrielle, mais qui exigera d’abord d’avoir progressé davantage pour montrer sa vraie valeur. Il ne faut donc pas brûler les étapes mais se soucier de bien discerner les différentes temporalités, tel ou tel domaine proposant des créations de valeur à court terme bien plus importantes.

C’est le cas de l’industrie 4.0, parfois ramenée de manière un peu abusive au terme IIoT (Internet des objets Industriels) alors que la notion relève plus de la transformation digitale que de la transformation IoT. Elle consiste à exploiter avec beaucoup plus d’intelligence une donnée déjà très présente dans notre monde industriel où le M2M (Machine to Machine) est déjà présent depuis des décennies. L’industrie 3.0 génère de très nombreuses données numériques, et l’industrie 4.0 est donc nécessaire pour les exploiter avec beaucoup d’intelligence et vise à en collecter de nouvelles, beaucoup plus massives.

Cloud, analytics, IA… Ces technologies seront nécessaires dans l’industrie mais la transformation IIoT doit d’abord déterminer la façon de produire, l'amélioration de la qualité, la réduction des déchets, l’amélioration de la productivité et surtout aujourd’hui la réduction de l’impact environnemental, en général très corrélé avec l’atteinte des autres objectifs. Se lancer dans l’industrie 4.0 c’est rassembler ses données de production, être en mesure de les traiter pour faire émerger de nouveaux savoirs. Cette démarche est tout sauf hors sol, c’est au contraire l’intelligence du terrain ! Le traitement intelligent de la donnée ne permettra pas aux systèmes d’information d’apprendre à mieux produire, c’est à la production de se saisir du traitement des données, de les interpréter et de les mettre en œuvre, l’humain au cœur ! C’est à dire qu’il faut d’abord adapter et enrichir les métiers de la production mais aussi s’emparer de cette transformation avec des outils et un accompagnement adapté.

Le métier est donc central car pivot, il doit être en capacité à bâtir ses propres solutions par-dessus les plateformes et middleware, qui ont bénéficié d’un succès majeur dans la transformation digitale des entreprises, entre les mains des SI, experts en la matière et structurés pour cela. Le choix du type de plateforme est donc clé de la réussite : elle doit associer le métier et les SI dans une démarche commune.


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