Pour le ministre de l’Environnement, du Climat et des Communications, Eamon Ryan, cette loi sur l’action climatique et le développement à faible émission de carbone, établit un cadre afin que l’Irlande puisse respecter ses engagements internationaux et européens en matière de climat. Elle permet également de renforcer son rôle de leader dans la lutte contre le changement climatique.

Dans le cadre de son plan d’action pour le climat, l’Irlande a pour ambition de produire une quantité importante d’énergie à partir de ressources éoliennes dans les années à venir. L’un des principaux objectifs du plan sera de décarboner le système de production d’électricité à 80% d’ici à 2030. À l’heure actuelle, près de 150 pays à travers le monde se sont engagés à atteindre l’objectif de « zéro émission » d’ici 2050. Si l’Irlande a déjà annoncé son intention d’atteindre cet objectif, elle a porté ses ambitions un cran plus loin en cherchant à réduire ses propres émissions de 51% au cours des huit prochaines années. Ces engagements étant désormais consacrés par une loi, les experts du secteur estiment que les objectifs de décarbonation de l’Irlande figurent parmi les plus ambitieux du monde. Afin de les atteindre, l’Irlande se fixera comme priorité la transition vers l’utilisation de véhicules et de transports électriques, ainsi que la réduction des émissions provenant de l’agriculture.

L’Irlande face à la crise climatique

Suite à l’adoption de cette loi sur le climat, le Tánaiste, c'est-à-dire le vice-premier ministre irlandais Leo Varadkar, expliquait : "Le changement climatique représente une menace pour chacun d’entre nous, et la transition vers une économie à faible émission de carbone est une priorité pour le gouvernement." À l’occasion du salon annuel de l’énergie organisé par la Sustainable Energy Authority of Ireland, il a ajouté que ces objectifs nécessiteraient des innovations et un réajustement des modes d’utilisation de l’énergie, de gestion des déchets et des systèmes de transport. Le Tánaiste a souligné que les entreprises avaient un rôle essentiel à jouer dans l’effort global de décarbonation. En effet, l’action pour le climat représente une occasion unique de créer de nouveaux emplois et de développer les entreprises. Leo Varadkar a ajouté que les entreprises "qui s’adaptent rapidement et sont les premières à agir auront le plus à gagner dans une nouvelle économie verte". Ainsi, pour faire face aux défis de la décarbonation, les entreprises devront se montrer réactives pour intégrer de nouvelles politiques durables.

Les atouts de l’Irlande en matière de production d’énergie durable

L’Irlande dispose d’un solide avantage en matière de potentiel de production d’énergie durable du fait de son emplacement géographique idéale pour la production éolienne, parfaitement positionnée face à l’Atlantique. Les vents réguliers et fréquents que connaît l’Irlande lui offrent des possibilités de production substantielle d’énergie éolienne, en particulier celle à grande échelle et en mer. Ainsi, la localisation de l’Irlande confère à la nation un avantage majeur dont ne disposent pas les autres pays européens. La masse mer-terre de l’Irlande représente 7 fois la taille du pays, ce qui devrait lui permettre de se développer et d’investir pour devenir une source importante d’énergie éolienne offshore en Europe. Elle produit actuellement 4 GW d’électricité éolienne à terre, ce qui en fait le deuxième utilisateur d’électricité éolienne renouvelable en Europe. Toutefois, le potentiel de croissance des énergies renouvelables est énorme, l’objectif étant de créer une capacité de 70 GW. Pour nombre de commentateurs, l’Irlande s’imposera dans les années à venir comme un exportateur majeur d’énergie renouvelable (comme l’hydrogène).

De l’autre côté de la Manche, d’autres pays européens se sont également engagés à réduire les émissions de carbone. La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La nation doit prendre des mesures pour atteindre les objectifs requis en matière de changement climatique, adoptés dans le cadre de l’Accord historique de Paris (2015). L’approche suivie par la France en matière de décarbonation diffère de celle de l’Irlande : elle utilise davantage l’énergie nucléaire que l’ hydrogène pour tenter d’atteindre un niveau de zéro émission nette d’ici 2050. À l’heure actuelle, la France produit 70% de son énergie à partir du nucléaire, ce qui fait du pays le plus grand consommateur d’énergie nucléaire par habitant au monde. La considérant comme une pièce essentielle du puzzle de la neutralité carbone, le gouvernement s’est d’ailleurs engagé à y investir un milliard d’euros d’ici la fin de la décennie. 

En tant que pays européen de premier plan, l’Allemagne est, pour sa part, l’un des principaux acteurs de l’Accord de Paris et se doit de montrer l’exemple aux autres nations en atteignant la neutralité carbone. L’Allemagne doit agir au plus vite pour être à même d’atteindre son objectif ambitieux de décarbonisation nette zéro d’ici 2045, soit cinq ans plus tôt que la plupart des autres pays. Pour y parvenir, le pays a ouvert sa première usine de kérosène « vert » en octobre 2021. Le kérosène est largement utilisé pour alimenter les avions et d’autres aéronefs et il a été reconnu comme un élément important des efforts de décarbonation de l’Allemagne.

Réduire les émissions du secteur agricole

En Irlande, l’agriculture demeure le principal émetteur de gaz à effet de serre, puisqu’elle représente 34% des émissions totales. Face à cette situation, le pays s’efforce de mettre en place des pratiques agricoles respectueuses du climat, notamment en réduisant les émissions de méthane biogénique, qui représentent 65% des émissions agricoles du pays. Dans le cadre de la stratégie Ag-Climatise 2020, le pays a établi une feuille de route visant à ramener les émissions d’ammoniac et de méthane biogénique à zéro d’ici 2050. En outre, le plan d’action pour le climat 2021 a fait évoluer le rôle que jouent l’agriculture et l’industrie agroalimentaire dans la concrétisation des ambitions et des responsabilités de l’Irlande en matière de climat. En conséquence de ces politiques, le Centre commun de recherche de l’UE a constaté que les systèmes de production alimentaire irlandais présentaient des profils d’empreinte carbone parmi les plus faibles de l’UE, sur une base unitaire. À ce jour, les gains d’efficacité ont permis de réduire à la fois l’intensité des émissions provenant des aliments produits et de contribuer à leur réduction de manière globale dans le secteur de l’agriculture.

L’Irlande s’est engagée à apporter un changement dans sa gestion de la crise climatique en inscrivant des objectifs ambitieux dans sa législation. Fort du plan de réduction de CO2 le plus agressif au monde et de son objectif de décarboner son système de production d’électricité à 80% d’ici 2030, le pays a pris des engagements majeurs qu’il s’efforce déjà de mettre en œuvre. L’Irlande jouit également d’avantages majeurs en matière de production d’énergie renouvelable par rapport aux autres pays de l’UE. En outre, la disponibilité des sources d’énergie renouvelables présentes sur le sol irlandais offre un vaste potentiel d’exportation sur le marché international, permettant au pays d’approvisionner le marché vert. Ces facteurs combinés font de l’Irlande un leader du changement et de l’ambition en faveur d’une nouvelle économie verte et d’un pôle mondial de production d’énergie renouvelable.


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