Alors que le Président de la République s’est récemment félicité de la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France en 2022, il a également souligné que l’Hexagone devait doubler son taux d’effort pour atteindre ses objectifs de réduction de carbone d’ici à 2030 afin de limiter le réchauffement climatique entre +1,5 et 2°C en 2100.

Le défi de la décarbonation est avant tout collectif. Si la prise de conscience est aujourd’hui globale et si les pouvoirs publics ont dessiné les contours des mutations nécessaires, il faudra bien plus pour éviter la catastrophe. D’après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), nous devons réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 45% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010 pour limiter l'augmentation de la température moyenne de la planète à 1,5°C.

Nous devons rationaliser nos comportements au quotidien et une pratique, la co-consommation – ou consommation collaborative, peut nous aider à limiter de façon drastique notre contribution au réchauffement climatique sans pour autant rogner sur notre confort. Elle consiste à partager nos biens (voitures, outils de jardinage, etc.), nos services (bricolage, mutualisation des transports, etc.) et nos connaissances.

Donner du crédit à la co-consommation

Parce que les biens sont plus accessibles, notre consommation s’est individualisée et a explosé. D’après l’INSEE, elle a été multipliée par trois en France depuis 1960. Dans son rapport d’avril 2022, le GIEC souligne que réduire la consommation des biens et services pourrait permettre de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici à 2050.

Parmi les solutions simples à inscrire dans notre quotidien : la co-consommation qui permet de réduire la demande de nouveaux biens et services et donc l’empreinte carbone associée à leur fabrication, à leur emballage et à leur transport. Au-delà d’être un levier en faveur de la sobriété, la co-consommation améliore le pouvoir d’achat des ménages et encourage des valeurs de partage entre voisins.

Acheter à plusieurs permet de réduire les coûts de départ, mais aussi de revenir à une économie de l’usage et à une consommation individuelle plus raisonnée – elle évite de laisser dormir un objet 363 jours par an dans un placard. Louer un objet, partager sa voiture, co-transporter ou rendre des services quelques heures par semaine peut considérablement améliorer notre pouvoir d’achat.

Institutionnaliser la co-consommation grâce à la puissance publique

L’exemple le plus représentatif de la consommation collaborative est sans doute le covoiturage. Cette pratique qui existait déjà, souvent privilégiée par les étudiants, s'est généralisée grâce à une structuration permise par les outils digitaux. Le leader du marché, BlaBlaCar, compte 20 millions d’utilisateurs et a proposé 35 millions de sièges en 2022.

Les collectivités ont su détecter le potentiel de cette initiative privée et l’accompagner en aménageant leurs territoires : selon Data.Gouv.fr, plus de 2000 aires de covoiturage ont été créées en France. Aujourd’hui, elles nouent des partenariats territoriaux avec des plateformes de covoiturage adaptées aux trajets pendulaires (Nice et Klaxit, Cholet et Karos, etc.).

Parmi les bénéfices constatés, avec un impact direct sur la vie locale : diminution du trafic sur les grands axes – et donc des émissions de CO2 – et augmentation du pouvoir d’achat des Français. Fin 2022, le gouvernement a d’ailleurs lancé un plan “covoiturage du quotidien” dans l’objectif d’atteindre 3 millions de trajets journaliers en 2027 (contre 900 000 aujourd’hui). Ce qui permettrait d’économiser 4,5 millions de tonnes de CO2 par an, soit 1% des émissions de GES françaises.

Institutionnalisée, l’économie du partage peut s’étendre à nombre de problématiques du quotidien, de la mutualisation des achats au cotransportage de colis en passant par les réseaux d’échanges de compétences. 

Ce modèle répond aux attentes des consommateurs et participe à la réduction de notre empreinte carbone. Il permet aussi de renforcer la solidarité et d’encourager une utilisation plus efficace des ressources existantes. C’est peut-être la seule alternative pour concilier consommation et sobriété.


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