Deux ans de pandémie mondiale n’auront pas « réveillé » un système de santé saturé, inadapté à la demande des soins d’aujourd’hui et aux pathologies chroniques, excluant la prévention. L’électrochoc de la pandémie de Covid-19 a fait prendre conscience aux citoyens de cette nécessité de réinventer notre système de santé, pourtant laissé de côté, mandature après mandature. Il semblerait que les candidats à l’élection présidentielle n’en aient tiré aucune leçon : la santé, et a fortiori la santé respiratoire, n’est pas centrale dans leurs programmes de campagne. C’est pourtant une demande écrasante des citoyens : 92% des Français estiment que la santé doit être au cœur de leurs propositions*.

Gestion comptable et à flux tendus de la santé, tension hospitalière inacceptable, tout comme celle du système de soins dans sa globalité… Les carences ont brutalement été mises en lumière par la pandémie. La santé est en danger et les Français en tiendront compte dans l’isoloir. Patients, aidants et professionnels de santé sont formels : le système de santé actuel ne répond plus aux attentes et aux besoins de la population.

Avec la crise sanitaire, les patients se sont retrouvés éloignés des professionnels de santé, ont été confrontés à des pertes de chance ainsi qu’à un retard de diagnostic. Le pays a ouvert les yeux sur un Hôpital grippé qui ne retient plus les vocations, et un système de soins dysfonctionnant. L’élection présidentielle est l’occasion de les reconstruire, et Santé respiratoire France y réfléchit depuis de nombreuses années. L’amélioration du système de santé, l’accès aux soins et la continuité de ces derniers, du « bien soigner », font partie des messages portés par l’association auprès des patients, des pouvoirs publics, et de l’ensemble des professionnels de santé, le tout dans la bienveillance et l’inclusion.

C’est un plébiscite : l’universalité et l’excellence du système de santé sont reconnues par la quasi-totalité des Français interrogés (87 %)*, attachés à ces deux piliers qui permettent de préserver le principe de solidarité et d’accès à la santé pour tous.

Plusieurs fondamentaux doivent sous-tendre la réflexion :

  • Impliquer davantage les patients dans le soin

Nous fêtons ce mois-ci les 20 ans de la démocratie sanitaire avec la loi Kouchner du 04 mars 2002, qui a mis en avant le droit fondamental à la protection de la santé, l’accès aux soins, l’information des patients… Un grand pas en avant, certes ; mais impliquer davantage les patients doit désormais être une priorité dans le soin comme dans l’innovation.

  • Faire le pari de l’innovation en santé

Les Français sont prêts pour le virage numérique. La crise a permis de lever les freins juridiques, financiers et culturels vis-à-vis de la télémédecine et, en l’occurrence, de la téléconsultation. 39% des sondés souhaitent son développement. Dans une enquête conduite lors du 1er confinement en 2020**, 26% des répondants (insuffisants respiratoires) souhaitaient avoir accès à une téléconsultation avec leur pneumologue ou leur médecin traitant.

Nous devons avoir les moyens de nos ambitions et parier sur l’innovation en santé. La téléconsultation a fait ses preuves, et nous devons cesser ce piétinement timide vis-à-vis de la télésurveillance, de la téléexpertise et du télésoin. La généralisation de la télésurveillance des maladies chroniques respiratoires – maillon entre les systèmes ambulatoire et hospitalier – est un moyen de limiter le recours à l’hôpital, et participe à la qualité de vie des patients ainsi qu’à l’équilibre de leur pathologie.

Renforcer l’utilisation des outils numériques est non seulement un impératif, mais une demande d’une grande partie de la population. 60 % des répondants se disent en faveur du dossier médical numérique. Gageons que l’Espace numérique de santé saura se mettre au service des Français et des soignants.

  • L’assurance santé doit remplacer l’assurance maladie

Le pilotage du système de santé par les données doit être encouragé, afin d’optimiser les parcours et de rendre service aux patients. Ceci doit être associé au renforcement des infrastructures hospitalières via le maintien et le développement d’une offre de proximité, d’une meilleure organisation des ressources en santé au niveau local, ainsi que le développement de structures de prise en charge évitant le recours aux urgences.

Après des décennies à promouvoir la « prévention », il est temps de passer des paroles aux actes, en réfléchissant et en finançant à la hauteur des enjeux, et passer de l’assurance maladie à l’assurance santé. Plus personne ne peut ignorer le manque d’ambition nationale délétère en termes de prévention et de promotion de la santé. Exemple parmi d’autres, les personnes insuffisantes respiratoires pointent leurs difficultés quotidiennes liées à la mauvaise qualité de l’air intérieur comme extérieur***. Ce cri d’alerte ne doit pas – une fois de plus – rester vain. L’ensemble de la population joue ici son avenir sanitaire. Encore trop timide, le concept de « One Health » – santé humaine, santé animale et état écologique global étant liés – est royalement ignoré par les politiques publiques.

  • La prévention doit devenir une réalité

Si dans l’innovation en santé la France n’a cessé d’être déclassée avec les années, en particulier dans l’accès aux médicaments innovants, la situation concernant la prévention stagne elle aussi. La consultation de prévention doit enfin devenir une réalité.

Dans cette nouvelle dynamique, l’accès à la santé doit aussi être élargi, via les délégations de tâches, les nouveaux métiers dont celui des infirmiers en pratique avancée, la participation du pharmacien pour répondre aux besoins personnalisés, à un niveau territorial, ou encore le déploiement des conseillers en environnement intérieur. Saisissons enfin l’opportunité de reconstruire un système de santé inclusif.

*Sondage OpinionWay pour Mazars (fev. 2022)

** Santé respiratoire France (mai 2021) https://sante-respiratoire.com

*** Enquête annuelle Santé respiratoire France. Santé et environnement (2021)


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