Dans la transformation des villes en smart city, les déchets ont aussi leur mot à dire. Pour les collecter au bon moment, éviter les débordements et les insalubrités qui en découlent ou favoriser le recyclage, une solution : l'IoT. En plaçant un capteur connecté dans les conteneurs pour en mesurer le taux de remplissage par laser ou ultrason, les tournées sont optimisées puisque la capacité des conteneurs est comme doublé. La raison ? Le passage des camions de collecte est programmé une fois qu'une alerte est reçue, en moyenne à un seuil de remplissage de 85%, alors qu'ils ne sont plein qu'à 45% lors des tournées à l'aveugle effectuées quotidiennement sans donnée remontée, révèle l'infographie réalisée par Birdz, filiale IoT de Veolia.

En corollaire, un autre argument de poids est de nature à convaincre les municipalités. Cette optimisation des tournées permet d'adapter les itinéraires et de réduire de 30% en moyenne le nombre de tournées par camion, ce qui se répercute sur les coûts. Une commune consacre en moyenne 20% de son budget de fonctionnement aux déchets, dont la collecte représente une part de 42% et le transport 8%. "En découle une réduction de l'empreinte carbone, la majorité du parc fonctionnant au diesel", souligne Pierre-Guillaume Seguin de la Salle, responsable marketing smart city chez Birdz. En disposant des données, les collectivités peuvent par ailleurs définir le meilleur emplacement pour leurs conteneurs et optimiser les tournées. "C'est ce qu'ont fait Grenoble en France et la ville de Prague en Europe notamment", poursuit-il.

Si l'introduction de l'IoT dans la gestion des déchets n'est pas nouvelle, son adoption est en croissance, observe Birdz. Le marché devrait représenter dans le monde 223,6 milliards de dollars en 2025, la problématique étant globale. En France, un point d'apport volontaire est installé tous les 600 habitants. "Les municipalités nous posent de nombreuses questions, par exemple sur la durée de vie de conteneurs connectés, les réseaux disponibles, ou encore les designs à adopter à l'intérieur des conteneurs pour être sûr que le capteur comptabilise correctement. Pour cela, il faut des conteneurs fermés", raconte Pierre-Guillaume Seguin de la Salle, qui a aiguillé plusieurs collectivités, dont Rennes, Bordeaux ou Grenoble. "Sur le marché français, il y a déjà près de 45 000 conteneurs connectés", précise-t-il.

Les opportunités de marché sont d'autant plus importantes que le sujet concerne également les sites industriels. La construction est le premier secteur générateur de déchets, avec 224 millions de tonnes de déchets générés en 2017, contre 39 millions pour les ménages.

Pour Birdz, la gestion intelligente des déchets est un enjeu d'autant plus important que 326 millions de tonnes de déchets ont été produites en 2017 en France, soit 4,9 tonnes par habitant. Au niveau mondial, seuls 13,5% des déchets sont recyclés et 5,5% compostés. "Pour encourager le recyclage, certaines collectivités envisagent une redevance incitative à l'aide de l'IoT : les habitants pourraient badger pour déposer leurs déchets ou un tag permettrait d'identifier les sacs et vérifier les quotas de déchets autorisés par foyer par mois ou par an", souligne Pierre-Guillaume Seguin de la Salle.

Prochaine étape pour améliorer la gestion intelligente des déchets : utiliser les caméras de surveillance en computer vision pour détecter les détritus sur la voie publique ou le croisement des données avec celles des compteurs communicants afin de mieux estimer l'occupation d'un quartier et anticiper le niveau de déchets produits.


Source link