Fondé en 2006, Ekimetrics s'est d'abord positionné comme une ESN spécialisée dans la data intelligence et la statistique. Ces dernières années, cette pépite parisienne a ajouté une nouvelle corde à son arc : le machine learning. Au fil des missions, elle a multiplié les IA verticalisées répondant à divers cas d'usage : optimiser la relation client, les opérations ou encore le ROI. Des briques qui sont depuis venues alimenter son portefeuille de produits. Ces algorithmes, qui ont fait leur preuve sur le terrain, n'en restent pas moins personnalisables en fonction du contexte client. C'est là tout le secret d'Ekimetrics pour tirer les chantiers d'IA vers la réussite.

Pourtant, le pari était loin d'être gagné. Selon une étude d'IDC menée en 2019 auprès de 2 500 organisations, la moitié des projets d'IA échouent dans les mois qui suivent leur mise en œuvre. Principales raisons invoquées par les répondants : des attentes irréalistes d'abord, un manque de compétences qualifiées ensuite, les potentiels biais présents dans les données d'entrainement enfin… Sans oublier les coûts. "Nous observons une multiplication des proof of concept (Poc, ndlr) qui n'ont pas d'impact ou qui ciblent des cas d'usage sur de petits périmètres. Tout l'enjeu des entreprises est d'identifier les domaines où l'IA peut leur apporter de la valeur de manière durable", explique Jean-Baptiste Bouzige, CEO d'Ekimetrics. Deuxième défi identifié par ce dernier : le passage à l'échelle. "Même pour les Poc centrés sur les bons sujets, la technologie retenue pourra rencontrer des problèmes de coûts ou de temps de calcul", argue-t-il.

Une offre verticalisée… et personnalisable

Pour relever l'enjeu du passage à l'échelle, Ekimetrics met en avant sa plateforme de data science et ses frameworks d'algorithmes verticaux préindustrialisés. Un stack qui lui permet de mettre en œuvre des projets en trois à quatre mois avec la capacité d'adresser les principaux environnements de déploiement. "Nous conservons toujours une couche premium de prestations de services pour adapter finement notre technologie à chaque situation. C'est ce travail qui fait la différence entre un logiciel standard, par définition équivalent pour chaque concurrent, et une solution personnalisée permettant à chacun de bénéficier d'un réel avantage compétitif", souligne Jean-Baptiste Bouzige. Ensuite, les applications pourront être opérées par les équipes d'Ekimetrics ou par celles du client s'il le souhaite.

La société articule son offre autour de cinq à six solutions. Qualifiée de marketing mix modeling (MMM) ou media mix optimization (MMO), l'une des principales d'entre elles estime le ROI d'une activité en fonction de multiples critères : politique de prix, actions marketing, de vente, lancement de nouveaux produis, état de la concurrence… "Nous associons des modèles de régression multilinéaires de séries temporelles à du machine learning pour obtenir une prédiction avec la granularité recherchée, et ce au regard du point de vente, du profil client… A cela s'ajoute un travail de data engineering d'architecture, car les données disponibles sont souvent peu industrialisées et non-structurées", détaille-t-on chez Ekimetrics, qui précise avoir planché sur le sujet pour aider un constructeur automobile à retrouver de la marge suite à la pandémie.

"Comme dans d'autres domaines, savoir faire simple quand la complexité n'est pas requise est un facteur clé pour réussir"

Aux côtés de ce premier produit, l'éditeur parisien commercialise des solutions centrées sur le client. Au programme : segmentation et scoring de populations cibles, personnalisation ou recommandation de produits… Enfin, une solution de demand sensing regroupe divers modèles prédictifs visant à anticiper la demande et le chiffre d'affaires au sein des réseaux de distribution. Pour chaque offre, des bibliothèques de modules et d'algorithmes permettent des centaines de combinaisons possibles en vue de répondre aux spécificités de chaque contexte métier.

Aux côtés de ces applications verticalisées, Ekimetrics fait également du sur-mesure. Dans pareils cas, l'éditeur propose de partager le risque du projet par le biais d'un contrat rémunéré en fonction du retour sur investissement ou du niveau d'utilisation des livrables. 

Pragmatique, Ekimetrics n'utilise pas seulement le machine learning, mais aussi des algorithmes de statistique ou de traitement nettement plus basiques. "Comme dans d'autres domaines, savoir faire simple quand la complexité n'est pas requise est un autre facteur clé pour réussir", martèle Jean-Baptiste Bouzige. Ekimetrics at-t-il recours au transfert learning, c'est-à-dire à la réutilisation de modèles entrainés pour un client pour d'autres projets aux problématiques équivalentes ? La réponse est non. L'entreprise capitalise en revanche évidemment sur ses connaissances sectorielles et réalise des benchmarks, par exemple en lien avec l'EBG.

2021 : une année charnière

Résultats des courses, Ekimetrics revendique un taux de réussite de 80 à 90% dans l'année qui suit le déploiement d'un projet, et d'un peu plus de 50% trois ans après. "Evidemment, tout dépend du niveau de maturité du client", reconnait Jean-Baptiste Bouzige. Parmi les 100 à 150 clients de l'éditeur figurent plusieurs grandes marques dont Axa, BNP Paribas, Club Med, L'Oréal ou Shell.

Ekimetrics a bouclé une première levée de fonds à hauteur de 24 millions d'euros en novembre 2020. Objectif de l'opération : accélérer la R&D. Au lieu de développer deux à trois nouvelles solutions par an, la société entend désormais en développer trois à cinq. Principale question du moment : définir d'ici la fin du trimestre une nouvelle offre à industrialiser et intégrer en catalogue parmi 5 à 6 déjà déployées chez des clients. Ces dernières recouvrent divers cas d'usage : détection de fraudes, tracking automatisé de marques (via NLP), scoring de valeurs en vue de bâtir des portefeuilles dans la finances.

Fort d'une croissance de 30% par an, Ekimetrics enregistre plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, et affiche pour ambition de passer la barre des 100 millions d'euros d'ici cinq ans. Présente à New York et Hong-Kong, la société prévoit de créer 100 nouveaux postes d'ici la fin de l'année, et hisser ses effectifs à 340 salariés. Pour accélérer son développement tant sur le plan commercial que technologique, elle envisage en parallèle une stratégie de croissance externe.

"2021 sera une année pivot pour le secteur de l'IA. Avec le transfert de la vente physique vers l'e-commerce suite au Covid, les entreprises souhaitent plus que jamais disposer de tous les résultats et data de comportement des clients sur les deux canaux de distribution. L'enjeu étant d'identifier où placer le curseur. Mais aussi de prédire comment les investissements réalisés sur l'un resurgissent sur l'autre et réciproquement. Cette demande s'est systématisée", confie Baptiste Bouzige. "Ensuite, viennent toutes les questions sur la résilience des marques. Comment continuer à investir rentablement en l'absence des ventes ? Comment démontrer qu'investir maintenant est important pour être parmi ceux qui rebondiront le plus rapidement ?" C'est en planchant sur toutes ces questions aujourd'hui qu'Ekimetrics entend maintenir le taux de réussite de ses projets d'IA demain.


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