Les propositions des technologies Web3 répondent sur le papier à des problématiques réelles : défaillances dues à la centralisation, propriété des actifs, protection des données… Mais la blockchain a été trop souvent utilisée pour des problèmes solubles par une simple base de données. Une fin davantage qu'un moyen, et ce, pour profiter des belles valorisations du secteur dans les années fastes.

Si les probabilités sont assez hautes pour qu'une bonne part des compagnies présentes à la Paris Blockchain Week (21-23 mars) ne soient plus de ce monde d'ici trois ans, l'événement organisé par Chain of Events témoigne d'un secteur en phase de maturation : il a tout d'abord commencé avec l'annonce par Jeremy Allaire de l'installation du siège européen de sa compagnie Circle à Paris. Celle-ci n'est pas anodine tant Circle représente l'un des acteurs majeurs des stablecoins avec son token USDC et à l'heure où cet instrument financier est au centre de nombreuses discussions à l'approche du vote de la réglementation MiCA mi-avril.

L'annonce de Circle, le show de Tim Draper

Parmi les têtes d'affiche, Tim Draper a quant à lui embrasé l'auditorium en faisant feu sur la mise en défaut de la finance traditionnelle, illustrée à ses yeux par SVB et l'inflation rampante. L'entrepreneur américain était facilement accessible dans les couloirs du Carrousel, où l'on pouvait également croiser Pascal Gauthier et Ariel Wengroff de Ledger, Paolo Ardoino de Tether et nombre de VC. La Paris Blockchain Week mise, comme nous l'avait annoncé son fondateur Michael Amar, sur la proximité entre les décideurs et les visiteurs, pour la plupart acteurs du secteur. Une proximité qui se paye, cependant, avec des billets d'entrée à plus de 2 000 euros, souvent jugés prohibitifs par nombre des entreprises croisées.

Mais cette Paris Blockchain Week se distingue par la qualité des discussions, comme celle intitulée "Web2/Web3 : do we have to choose", où l'on pouvait notamment retrouver Stéphanie Zolesio, du groupe Casino Immobilier. Au centre des préoccupations de cette table ronde, toujours l'obsession de démocratiser cette technologie. "Nous avons un Web3 qui est isolé d'Internet. Ici, dans cette salle, nous sommes tous des early adopters : ce n'est pas pour nous une difficulté de minter des DAI (un stablecoin décentralisé, ndlr) ou d'utiliser des DEX (échanges décentralisés, ndlr) mais pour une grand-mère ou un grand père, ça reste compliqué", souligne Thuus Mass, CEO of Onramper. "Vous devez être obsédé par l'expérience utilisateur", renchérissait Iri Zohar, fondateur de Bring.

La solution wall

Une expérience utilisateur guère aidée par les procédures de KYC, pour know your customer, pouvait-on entendre quelques minutes plus tard lors d'une table ronde intitulée "The Challenge of KYC". Au cours de cet échange, le responsable de la blockchain chez Orange et président de l'Alliance Blockchain France, Antoine Maisonneuve, rappelait ainsi certaines frictions quotidiennes : "La vérification d'identité reste très manuelle, il faut scanner une carte d'identité, l'envoyer par email, on perd beaucoup d'utilisateurs dans ce processus. L'avenir consistera à scanner un QR code pour demander à un wallet de partager ce type d'informations. Nous y sommes dans deux ans."

Le wallet, encore et toujours jugé comme la solution pour accueillir plus aisément les profanes, souvent rebutés par la possibilité de perdre une clef privée ou les multiples paramètres à connaître selon les blockchains. Si le portefeuille Stax de Ledger pourrait bientôt faciliter cette démocratisation, d'autres acteurs travaillent aussi à ce sujet, notamment une société française qui, d'après nos informations, annoncera prochainement sa solution liée à un téléphone. Un objet du quotidien et intelligible. En résumé, pour réussir demain, le Web3 se veut invisible.   


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