Après Paris l'année dernière, l'ouverture d'un nouveau marché à fort potentiel dans les trottinettes en libre-service attire des entreprises de mobilités du monde entier : Londres. La capitale britannique est l'un des derniers marchés majeurs encore inexploré par les opérateurs en Europe, puisque les trottinettes y étaient tout simplement interdites, comme dans le reste du Royaume-Uni. Mais cette interdiction a été levée provisoirement l'année dernière, permettant aux villes d'organiser des expérimentations de douze mois avec des entreprises proposant ces engins en libre-service. C'est donc ce qui a amené l'autorité de transport londonienne, la TFL, à lancer un appel d'offres dont les résultats sont attendus fin janvier. Trois opérateurs seront sélectionnés et pourront opérer jusqu'à 6 000 appareils chacun (d'abord 550 chacun, avec une augmentation graduelle de la taille de la flotte au cours de l'expérimentation).

Un territoire grand comme dix fois Paris

L'ouverture d'une des villes les plus peuplées et les plus riches d'Europe est une opportunité énorme pour les opérateurs de s'installer dans ce qui pourrait devenir l'un des plus gros marchés au monde. Mais derrière ce potentiel, "un certain nombre d'inconnues font que la taille réelle du marché est encore difficile à évaluer", nous explique l'un des opérateurs candidats, que nous ne nommerons pas car il leur est interdit de s'exprimer au sujet de l'appel d'offres dans les médias à quelques semaines des résultats.

Tout d'abord, le terrain de jeu est immense : Londres et ses quartiers (les boroughs), soit dix fois la superficie de Paris intra-muros (la limite actuelle des services de trottinettes) et une population de 9 millions d'habitants. Si le nombre de clients potentiels et le nombre d'appareils déployés sont plus élevés qu'à Paris, les opérateurs auront cependant de gros défis logistiques à relever, explique notre opérateur mystère : "Londres nous oblige à répartir équitablement les appareils entre ses différents quartiers. Mais sur cette surface étendue, comparable au grand Paris, on se retrouve avec des quartiers très variés, entre ceux du centre, hyper-denses, et ceux des extrémités, moins peuplés". Cette plus grande surface d'opération va forcément augmenter les coûts des opérateurs pour recharger, replacer et réparer les véhicules. Et donc peser sur leur rentabilité.

Pas de permis, pas de trotti

Autre différence de taille, la trottinette est une nouveauté totale pour les Londoniens, puisqu'elle était jusqu'ici interdite. Contrairement à l'appel d'offres parisien, organisé après presque deux ans d'opérations dans la ville, on ne dispose ici d'aucune données ni recul sur la popularité de ce moyen de transport dans la capitale britannique. Il y a cependant des raisons d'espérer, explique notre source. "La rapidité de l'adoption est l'une des grandes inconnues. Mais on trouve à Londres les prémices qui ont fait de Paris l'un des plus gros marchés au monde : des zones de forte densité de population et des vélos municipaux en libre-service très populaires."

Dernier frein majeur : la loi oblige les utilisateurs à disposer d'un permis voiture, moto ou scooter, ce qui pourrait réduire la taille du marché. Selon le ministère des transports britannique, 29% des adultes ne possédaient pas le permis en 2019 en Angleterre. Ils étaient même 65% à s'en passer chez les 17-20 ans et 40% chez les 21-29 ans, deux groupes d'âge particulièrement importants pour les opérateurs. D'ici quelques semaines, les trois gagnants de l'appel d'offres découvriront si l'énorme potentiel du marché londonien compense ses contraintes.


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